La Suisse reste la seule alliée de l’Autriche
Isolé sur la scène européenne, lâché par l’opposition sur le front intérieur: c'est un Wolfgang Schüssel affaibli que la Suisse accueille la semaine prochaine. Au sommet de Lisbonne, le chancelier autrichien a plaidé en vain pour la levée des sanctions.
Isolé sur la scène européenne, lâché par l’opposition sur le front intérieur: c’est un Wolfgang Schüssel (à gauche) affaibli que la Suisse accueille la semaine prochaine. Au sommet de Lisbonne, le chancelier autrichien a plaidé en vain pour la levée des sanctions.
Après son chef de la diplomatie il y a dix jours, le chancelier autrichien sera reçu à son tour à Berne vendredi prochain. Signe de l’amitié qui la lie à son voisin, la Suisse déroulera le tapis rouge pour accueillir Wolfgang Schüssel. De quoi réconforter un tant soit peu le chef d’un gouvernement boudé en Europe pour avoir fait alliance avec l’extrême droite.
Il n’empêche: c’est un chancelier affaibli que la Suisse s’apprête à recevoir. Wolfgang Schüssel a plaidé au sommet européen de Lisbonne pour la levée des sanctions décrétées par ses partenaires contre son pays. L’Union européenne a gelé tout contact bilatéral avec Vienne depuis la formation de la coalition entre les conservateurs et l’extrême droite populiste début février. Le chancelier a tenté de convaincre ses homologues que ces sanctions sont injustifiées. «L’Europe a agi sur la base de soupçons», a-t-il lancé, sans être entendu.
Le Premier ministre portugais (à droite), dont le pays préside en ce moment l’Europe, lui a répondu sur un refrain désormais connu. Les Quatorze, a répliqué Antonio Guterres, resteront fermes tant que la situation n’aura pas changé en Autriche. En clair, aussi longtemps que le Parti de la liberté de Jörg Haider sera au pouvoir à Vienne. C’est un camouflet cinglant pour le chancelier: il espérait que le sommet de Lisbonne marquerait le début d’une «normalisation» des relations entre l’Autriche et l’Union.
Isolé en Europe, Wolfgang Schüssel l’est aussi dans son pays. Avant de s’envoler pour la capitale portugaise, il a essayé de rallier l’opposition – les sociaux-démocrates et les Verts – à une déclaration condamnant les sanctions européennes. Le chancelier espérait ainsi apparaître comme le représentant d’un peuple uni derrière son chef. Peine perdue là aussi. Les chefs des deux partis de l’opposition ont refusé de lui signer un chèque en blanc. Même s’ils sont d’accord pour dire que le boycott européen est injuste. Maigre consolation pour le chancelier qui paye décidément très cher son flirt avec un parti xénophobe.
Olivier Thomas
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