«Quand la Suisse éclatera: lettre ouverte aux Alémaniques»
C’est le titre pamphlétaire du livre publié par le conseiller national Jean-Claude Rennwald. Le parlementaire jurassien met en garde contre l’éclatement du pays et demande à la Suisse alémanique des concessions politiques pour éviter le divorce.
C’est le titre pamphlétaire du livre publié par le conseiller national Jean-Claude Rennwald. Le parlementaire jurassien met en garde contre l’éclatement du pays et demande à la Suisse alémanique des concessions politiques pour éviter le divorce.
C’est désormais une évidence: à l’occasion de scrutins aussi importants que l’adhésion à l’Espace Economique Européen ou la création d’une assurance-maternité, la Suisse se trouve à chaque fois divisée en deux camps linguistiques, et les perdants du vote sont systématiquement les Latins. Le problème n’est pas nouveau, mais le livre du conseiller national socialiste Jean-Claude Rennwald a le mérite de relancer le débat en dehors des frustrations postélectorales.
Premier constat: le clivage entre Romands et Alémaniques est particulièrement marqué lorsque le peuple suisse s’exprime sur des questions relatives à l’ouverture du pays ou à l’Etat social. Le vote souligne donc l’existence d’une réelle différence de culture mais aussi de vision politique. «Les Romands pensent que l’Etat doit assurer un rôle régulateur sur le plan économique et social, précise Jean-Claude Rennwald, alors que les Alémaniques penchent plutôt pour le néolibéralisme.»
Ce clivage politico-linguistique est encore accentué par l’évolution des forces politiques et le poids toujours plus lourd de l’Union démocratique du centre dans la partie alémanique. «L’UDC compte plus de quarante parlementaires fédéraux alémaniques et seulement trois romands», stigmatise encore l’auteur.
Le fameux «Röstigraben» est également soutenu par une fracture économique. En la matière, la Suisse alémanique détient bel et bien le pouvoir. De plus, elle occupe toujours plus largement l’administration centrale et les régies, et profite au maximum des commandes fédérales.
Pour faire face à ce déséquilibre porteur de frustrations et aux risques d’éclatement, Jean-Claude Rennwald avance des solutions. Il pose notamment une série d’exigences sur l’apprentissage et l’utilisation des langues nationales. Il préconise en outre l’introduction de quotas en faveur des Latins au sein de l’administration fédérale et une régulation économique et sociale qui permettrait de venir en aide aux régions en difficulté.
Reste que, dans son message, le parlementaire jurassien entend dépasser la simple question des réformes pour poser celle de la confiance. «Il faut dire clairement aux Alémaniques, écrit-il, que s’ils veulent continuer de vivre avec nous, ils doivent faire un certain nombre de pas, surtout politiques, dans notre direction.» C’est-à-dire celle des Romands.
Vanda Janka
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