Virage à droite en Suisse. Mais pas de révolution dans l’immédiat

En termes de suffrages, le parti populiste de l’UDC deviendrait donc le premier parti de Suisse. Pour autant, ce résultat ne devrait pas provoquer une révolution du système politique suisse, du moins pas dans l'immédiat.

En termes de suffrages, le parti populiste de l’UDC deviendrait donc le premier parti de Suisse, devant les trois autres partis de l’alliance politique qui gouvernent le pays depuis quarante ans. Pour autant, ce résultat ne devrait pas provoquer une révolution du système politique suisse, du moins pas dans l’immédiat.

La victoire de l’Union démocratique du centre (UDC) est sensationnelle dans la mesure où ce parti, d’un coup, progresse apparemment de 8 pour cent sur le plan national, du jamais vu dans l’histoire récente de la Suisse. Et dans la mesure également où cette progression se constate dans la plupart des régions du pays, le taux de progression étant par endroit spectaculaire.

Cela dit, il faut bien voir que ce résultat concerne uniquement les suffrages obtenus dans la grande chambre du Parlement, le Conseil national. L’UDC étant nettement plus faible dans l’autre chambre, le Conseil des Etats. Il faut voir aussi qu’en termes de sièges, les trois premiers partis (socialistes, radicaux de la droite modérée et UDC) se tiennent de près. Et qu’il n’y a en fait que les démocrates-chrétiens qui, pour la première fois, sont nettement derrière l’UDC.

Mais la victoire des nationalistes et conservateurs de l’UDC aura incontestablement des conséquences. Elle influencera, par exemple, l’issue de certains votes qui, lors de la dernière législature, se sont souvent joués à quelques voix près, notamment sur des questions écologiques et sociales.

Le triomphe d’un parti majoritairement nationaliste dont le leader charismatique – le député et industriel zurichois Christoph Blocher – tient parfois un langage à la limite de la bienséance politique, ne contribuera pas par ailleurs à rehausser le prestige de la Suisse. Il faut, en outre, s’attendre à d’âpres discussions sur une éventuelle nouvelle répartition des sièges du gouvernement fédéral, répartition immuable depuis quarante ans. Et que l’UDC aimerait remettre en cause – et c’est naturel – afin que la Suisse soit désormais gouvernée plus à droite.

Michel Walter