Visite contestée du chancelier autrichien Wolfgang Schüssel en Suisse
L'attitude bienveillante des autorités helvétiques à l'égard du gouvernement autrichien n'a pas suscité d'opposition massive en Suisse jusqu'à présent. La manifestation de protestation prévue, vendredi, à Berne fait figure de nouveau test.
L’attitude bienveillante des autorités helvétiques à l’égard du gouvernement autrichien n’a pas suscité d’opposition massive en Suisse jusqu’à présent. La manifestation de protestation prévue, vendredi, à Berne fait figure de nouveau test.
L’organisation de la manifestation a été prise en main par les Jeunes socialistes. Ils ont reçu le soutien des Verts, du Parti du travail, du syndicat VPOD et d’associations comme SOS Racisme ou la Coordination asile. Mais les ténors du Parti socialiste ne participeront vraisemblablement pas à ce rassemblement, même si le parti appelle à manifester.
Le gouvernement a néanmoins pris soin d’organiser la rencontre entre le chancelier autrichien et les trois conseillers fédéraux Ogi, Deiss et Villiger hors de la ville de Berne. En outre, un dispositif policier comparable à celui déployé lors de la visite de la ministre autrichienne des Affaires étrangères le 8 mars dernier a été mobilisé.
Reste que cette première visite bilatérale du chancelier autrichien depuis la formation de son gouvernement avec le parti d’extrême-droite de Joerg Haider a tout de même suscité quelques réactions. Le groupe parlementaire socialiste a déposé une question urgente dans laquelle il demandait que la Suisse n’aide pas l’Autriche à sortir de son isolement politique. Le gouvernement a répondu, ce mercredi, en réaffirmant sa volonté de juger le gouvernement autrichien sur ses actes.
Dans les colonnes du quotidien «Le Matin», l’ancien conseiller fédéral socialiste René Felber a vertement critiqué l’attitude du gouvernement suisse: «Nous venons de sortir d’une série de douloureuses épreuves consistant à relire notre histoire. Et voilà qu’aujourd’hui, sous de fallacieux prétextes, on n’ose pas se distancier d’un gouvernement».
De leur côté, le Congrès juif européen et cinq organisations contre le racisme et l’antisémitisme ont voulu faire passer une annonce d’une demi-page dans la «Neue Zuercher Zeitung» pour protester contre la visite de Wolfgang Schüssel. Mais le quotidien conservateur a refusé.
Plusieurs organisations de gauche ont également organisé, durant toute cette semaine, des rassemblements dans plusieurs villes du pays. Mais les foules n’ont jamais été au rendez-vous de ces diverses manifestations.
Le rassemblement de protestation annoncé pour vendredi fait donc figure de test pour la gauche suisse. Cela dit, pour le conseiller national socialiste Nils de Dardel, la Suisse n’échappera pas au débat que connaît l’Autriche. Même si la manifestation de vendredi n’attire pas les foules.
Frédéric Burnand
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.