Première cotation à la Bourse de Rangoun
(Keystone-ATS) Après plusieurs faux départs, la Bourse de Rangoun a finalement officiellement lancé sa première cotation vendredi. Une nouvelle étape de l’ouverture économique de la Birmanie, longtemps coupée du monde.
Inaugurée en décembre, juste après des élections historiques remportées par l’opposition, le Yangon Stock Exchange était pour l’instant une coquille vide.
La première société officiellement enregistrée est First Myanmar investment (FMI), un conglomérat détenu par Serge Pun, l’un des hommes d’affaires les plus riches du pays.
Le pays en pleine transition politique – le premier gouvernement civil du pays depuis des décennies entrera en fonction la semaine prochaine – a fait retentir pour la première fois la cloche des cotations au sein d’un élégant bâtiment blanc hérité de la période coloniale britannique, en plein coeur de Rangoun.
Un « grand jour » pour le pays, a estimé Maung Maung Thein, à la tête de l’opérateur du marché alors que la Birmanie quitte le petit club des nations sans Bourse – ils ne sont qu’une dizaine dans le monde.
Afflux d’investisseurs
Dirigé pendant des années par une junte militaire, puis par un gouvernement détenu par d’anciens généraux, le pays a connu ses dernières années de nombreux bouleversements et les investisseurs se sont pressés depuis 2011.
« Nous pouvons maintenant fièrement et puissamment proclamer au monde que nous ne sommes plus une nation à la traîne », s’est-il enflammé devant une foule de chefs d’entreprise.
Pour l’introduction en Bourse, le prix des actions de FMI était de 26’000 kyats, soit environ 21 francs. Avec sa société soeur Yoma Strategic Holdings, cotée à Singapour, FMI a déjà une première expertise boursière, une exception en Birmanie.
Plusieurs autres entreprises, dont la zone économique spéciale de Thilawa, doivent encore finaliser leurs dossiers pour intégrer le YSE, mais aucune entreprise étrangère ne pourra pour l’instant être cotée.
Forte croissance prévue
Si la Banque mondiale prévoit une croissance de 8% pour les cinq années à venir en Birmanie, les hommes d’affaires locaux se plaignent quant à eux des difficultés à trouver des financements, dans un pays où le marché bancaire se développe tout juste.
« Nous attendons avec impatience une économie dynamique et espérons qu’une Bourse robuste permettra d’aider de nombreuses entreprises à accéder aux capitaux », a déclaré le magnat Serge Pun, lors de la cérémonie d’ouverture.
Ces dernières semaines, des dizaines de Birmans, consultants et « boursicoteurs » en herbe, se sont pressés aux formations proposées pour ceux souhaitant se familiariser avec les notions de capital-risque ou de vente de titres.
« J’ai beaucoup lu pour comprendre parce que je pense qu’un marché boursier est bon pour notre pays », a expliqué Soe Myint, retraité de 64 ans, venu acheter des actions dès l’ouverture.
Au-delà, les défis économiques sont nombreux, dans un pays laissé exsangue par des décennies de négligence sous la junte, avec encore aujourd’hui une importante pauvreté.