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Procès de Besançon: l’accusé Zepeda perd pied, mais n’avoue rien

L'accusé (à gauche) a contesté jeudi avoir fait traduire des messages en japonais pour brouiller les pistes (archives). KEYSTONE/AP/LUCAS AGUAYO sda-ats

(Keystone-ATS) « Je n’ai pas tué Narumi ! Moi aussi je veux savoir ! »: dans un cri mêlé de sanglots, Nicolas Zepeda a persisté dans sa version jeudi, lors d’un ultime interrogatoire devant la cour d’assises du Doubs où il comparaît pour l’assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki.

La dernière main tendue est venue de sa propre avocate, Jacqueline Laffont. « Est-ce que vous êtes en mesure d’aider à retrouver ce corps aujourd’hui ? », lui a-t-elle demandé. « Je ne sais pas où elle est, je n’ai pas tué Narumi, moi aussi je veux savoir », lui répond Nicolas Zepeda.

Une phrase tellement répétée pendant les quatre heures de l’interrogatoire récapitulatif, qu’il finira par crier en larmes en tapant du poing.

« Est-ce qu’on peut imaginer qu’une dispute aurait mal tourné ? », suggère Me Laffont à son client déstabilisé. « Est-ce que vous avez envie de dire quelque chose là, une dernière fois ? ». « Il y a beaucoup de choses qu’on peut me reprocher, je ne suis pas une personne parfaite, mais je n’ai pas tué Narumi », persiste-t-il.

Pleurs, cris et tremblements

Le Chilien de 31 ans, qui affichait un flegme quasiment sans faille depuis le début de son procès à Besançon, le 29 mars, a fini par craquer, agité de pleurs, de cris et de tremblements, poussé dans ses retranchements par l’avocate de la famille de l’étudiante japonaise disparue en décembre 2016 à Besançon.

« Dans vos rêves, M. Zepeda, vous la voyez morte ou vivante Narumi? », le questionne l’avocate. « Je la vois heureuse », répond-il en fondant en larmes.

Pour tenter de briser la résistance de l’accusé, Sylvie Galley a fait projeter des photos de Narumi, en a appelé à son amour filial ou à sa foi catholique. En vain. « Il est dans l’incapacité d’admettre quoi que ce soit, même les choses les plus banales. C’est lui qui détient les clés et il ne les donnera pas », a-t-elle regretté lors d’une suspension d’audience.

« Quelle nuit ? »

Dans les premiers instants de cet interrogatoire, Nicolas Zepeda s’était pourtant montré inébranlable. « Il est établi que vous avez passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec Narumi, qu’après ça, plus personne ne l’a revue vivante, contrairement à vous qu’on a revu », l’apostrophe d’emblée le président de la cour, Matthieu Husson. « Voulez-vous nous dire ce qu’il s’est passé ? »

« Vous faites référence à quelle nuit ? », réplique l’accusé, déclenchant des soupirs dans le prétoire. La date précisée, il lâche: « J’ai déjà répondu à cette question, cette nuit-là je dormais ».

Depuis le début de son procès, Nicolas Zepeda répond volontiers aux questions par d’autres questions, reprend les interprètes chargés de la traduction simultanée de l’espagnol au français et enchaîne les explications vagues.

Verdict mardi

Selon l’accusation, le Chilien s’est rendu à Besançon pour retrouver Narumi Kurosaki, qui l’avait quitté quelques semaines plus tôt. Il l’espionne puis la rencontre et passe avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016 dans sa chambre étudiante. Des « cris stridents de femme » sont entendus cette nuit-là.

Toujours selon l’accusation, Nicolas Zepeda a tué Narumi, s’est débarrassé de son corps dans une forêt du Jura, puis a envoyé des messages aux proches de l’étudiante de 21 ans via ses comptes sur les réseaux sociaux pour retarder le lancement des recherches, le temps de rentrer au Chili.

Les plaidoiries des avocats et les réquisitions doivent débuter lundi avant le verdict attendu mardi.

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