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Le Valais s’arme contre le réchauffement

Le glacier du Rhône est placé sous haute surveillance. Keystone

Le canton du Valais a tiré les leçons des trois inondations majeures subies entre 1987 et 2000 pour se préparer aux effets des changements climatiques sur ses ressources hydrologiques. Il a signé une convention de collaboration avec le projet européen ACQWA.

Financé par la Commission européenne et lancé en 2008, le projet ACQWA («Assessing climate impacts of the quantity and quality of water») vise à évaluer l’impact des changements climatiques sur la quantité et la qualité de l’eau dans les régions de montagne.

Le projet est dirigé par deux climatologues de l’Université de Genève, en collaboration avec 10 partenaires suisses et 26 autres équipes de recherche en Europe, au Chili, en Argentine ainsi qu’au Kirghizistan.

Ce projet sur cinq ans vise à évaluer les dangers qui menacent les ressources hydrologiques des Alpes, suite à la fonte des glaciers qui ne pourront plus alimenter torrents et rivières. Il fournit déjà quelques résultats pour le Valais, et indique notamment que l’augmentation des températures ainsi que la réduction des pluies durant l’été pourraient accentuer les risques de sécheresses dans la vallée du Rhône.

La Suisse est un partenaire indispensable en raison de son expertise en matière de recul des glaciers, d’hydrologie alpine et de climatologie. Elle est en outre le «château d’eau de l’Europe» puisqu’elle détient 6% des réserves du continent.

«Une occasion à ne pas manquer»

Le Valais est le seul canton suisse à collaborer officiellement au projet ACQWA et il a saisi «une occasion à ne pas manquer», selon le ministre cantonal de l’environnement, Jacques Melly. Le gouvernement est par ailleurs en train de constituer son propre groupe d’experts.

«Dans un canton comme le nôtre, l’eau est importante pour le développement économique et il était évident que nous devions participer au projet ACQWA, a précisé Jacques Melly. Nous avons besoin de savoir ce qui nous attend. Nous devons nous préparer à des événements du genre inondations, qui se multiplient sur toute la planète.»

Le projet part de l’hypothèse que l’eau va se raréfier à la suite de la diminution des quantités de neige et de glace, et vise à développer des modèles permettant de comprendre les interactions entre climat, hydrologie et cryosphère.

Il devrait permettre de prévoir l’évolution de ces systèmes d’ici cinquante ans, de mesurer son impact sur l’énergie, l’agriculture et le tourisme et, enfin, proposer des mesures.

Science et politique

Pour le coordinateur du projet Martin Beniston, directeur de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Genève, le soutien du canton du Valais est un avantage.

«Cela permettra d’éviter que la science travaille de son côté et les décideurs politiques du leur et, donc, de créer un lien direct entre science et politique, et inversement», a-t-il précisé.

«Tout changement des paramètres climatiques affectant les eaux alpines aura de fortes conséquences en plaine, et donc en Europe, a ajouté M. Beniston. Je pense que les bailleurs de fonds européens ont intérêt à avoir un partenaire suisse en mesure de leur transmettre des informations sur ce qui va se passer durant ces prochaines décennies en Suisse et comment les ressources hydrauliques de l’Union européenne seront touchées.»

Des premiers résultats ont permis de confirmer que le risque de manque d’eau sera encore accentué par la fonte des glaciers. Une situation qui posera également des problèmes d’approvisionnement des terres agricoles. De plus, les précipitations hivernales et printanières, probablement plus abondantes qu’aujourd’hui, tomberont surtout sous forme de pluie et augmenteront le risque de crues dans la vallée du Rhône.

Le projet «Assessing climate impacts of the quantity and quality of water» est financé par l’UE.

Lancé en 2008, il bénéficie d’une enveloppe budgétaire de 11 millions de francs, financée par l’Union européenne. Il durera jusqu’en 2013, puis sera sans doute affiné par un nouveau programme.

Le projet compte 37 partenaires locaux dans 10 pays, dont la Suisse (universités de Berne et Genève, Institut de hautes études internationales et du développement, Ecole polytechnique fédérale de Zurich).

Les régions étudiées sont: les bassins du Rhône, du Pô (Italie), de l’Aconcagua (Chili) ainsi que les glaciers du Kirghizistan.

En signant ce contrat, le Conseil d’Etat tient ses engagements par rapport à l’Agenda 21, a souligné Jean-Michel Melly, chef du département valaisan des transports de l’équipement et de l’environnement. Car il s’agit notamment de «maintenir et améliorer les ressources vitales».

La Suisse détient 6% des réserves d’eau en Europe.

Lacs et réservoirs constituent la moitié de ces réserves, les glaciers 28%, la nappe phréatique 20% et les cours d’eau 2%.

La consommation d’eau atteint 1,1 milliard de mètres cube par an, dont 83% d’eau souterraine.

Les glaciers jouent un rôle important dans la production d’énergie hydraulique (50% de la consommation en électricité du pays) ainsi que dans le tourisme.

Les glaciers suisses ont perdu 18% de leur surface entre 1985 et 2000 contre 22% en moyenne dans toutes les Alpes. Les glaciers suisses fondent plus lentement parce qu’ils sont en général situés à une altitude plus élevée.

La fonte affecte d’abord les glaciers plus petits, qui constituent 18% de la surface totale mais ont diminué de près de la moitié, selon une étude de 2004.

Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger

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