
Le pont des papillons

Ambiance tropicale, une cinquantaine d'espèces de lépidoptères exotiques différentes... Le «Papiliorama» nouveau est arrivé!
Il est désormais situé à Chiètres (Kerzers), dans le canton de Fribourg, et s’apprête à grandir encore.
Depuis 1988, date de sa création, le Papiliorama et son annexe, le Nocturama (consacré à la faune nocturne), étaient l’une des fiertés du canton de Neuchâtel. Mais le désir de s’agrandir des uns, et, chez les autres, le refus d’accorder un certain nombre de facilités a entraîné le divorce.
Le Papiliorama de Marin, près de Neuchâtel, a fermé le 30 septembre 2002. Moins de six mois plus tard, le voici qui ouvre de nouvelles portes à une vingtaine de kilomètres de là, à Chiètres (Kerzers en allemand). Une commune fribourgeoise qui a mis gratuitement à disposition un terrain de près de 5 hectares.
Au milieu des champs, l’environnement du Papiliorama, inauguré ce lundi, ressemble encore à un terrain vague. Et pour le moment, seul le dôme des papillons est à visiter. C’est néanmoins le début d’une nouvelle vie qui s’annonce ambitieuse.
Le «complexe Papiliorama»
Car en juin de cette année, les visiteurs pourront découvrir un nouveau «Nocturama». Puis les deux dômes neuchâtelois viendront rejoindre les deux nouvelles constructions.
L’un se métamorphosera en un «Polydôme» qui abritera des expositions temporaires, l’autre en «Jungle Trek», qui accueillera moult bestioles difficilement compatibles avec les papillons: iguanes, oiseaux, batraciens, petits mammifères…
Face aux quatre coupoles, un «Jardin à papillons» accueillera les régionaux de l’étape: les papillons de nos contrées qui, on le sait, ont eux aussi bien de la peine à résister à la civilisation en marche.
Car si le Papiliorama est un lieu dépaysant et un outil touristique, il a également des objectifs didactiques. La mission de la Fondation du Papiliorama est de «sensibiliser le public suisse à la beauté de la flore et de la faune des forêts tropicales et à la nécessité de préserver ces milieux hautement menacés».
Dans le hall du bâtiment, une ‘horloge’ assez terrible rappelle qu’un hectare de forêt tropicale disparaît toutes les deux secondes… La Fondation a d’ailleurs créé sa propre réserve naturelle au Belize, en Amérique centrale. Elle protège ainsi «11 000 hectares de forêts, de mangroves et de savanes, soit plus de 110 km2».
Neuf et clair
Vaste espace clair, boutique, cafétéria, vitrines. Le hall d’accueil du Papiliorama nouvelle formule affiche ses ambitions.
L’espace consacré aux papillons s’est également transformé. Plus grand, plus lumineux, sa structure est celle d’un cylindre tronqué de 12 mètres de hauteur, surmonté d’un dôme de 40 mètres de diamètre. Il accueille 50 espèces de papillons tropicaux, alors qu’il n’y en avait qu’une vingtaine à Marin.
Moiteur et végétation tropicale sont évidemment au rendez-vous. Mais pour le moment, tout est sage et bien rangé, on est très loin du sentiment de mystère qui règne dans ces forêts-là et qu’on était parvenu à partiellement recréer à Marin.
«Ce type de végétation pousse à une vitesse incroyable. Ce qu’on voit ici sera complètement différent dans quelques mois. A l’installation du premier Papiliorama, on avait l’impression d’inaugurer des plates-bandes! Six mois plus tard, on était dans un couvert forestier tropical!» constate Christophe Dufour, directeur du Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, présent à l’inauguration.
Vision régionale
Le canton de Neuchâtel a perdu le Papiliorama, le canton de Fribourg l’a gagné. Comment les maîtres des lieux vivent-ils ce changement? Avec la volonté de rejeter tout esprit de clocher:
«Moi qui suis d’origine néerlandaise et qui me sens européen, je crois que les frontières cantonales, il ne faut pas trop s’y arrêter. Le Papiliorama est toujours dans la Région des Trois-Lacs, je crois que c’est ce qui est important: à vol de papillon, on est à 13 kilomètres de Marin!» constate Caspar Bijleveld, le directeur.
Un point de vue totalement partagé par son père, le fondateur, Maarten Bijleveld: «Au-delà des cantons, il est important que la collaboration interrégionale se développe. Face au ‘röstigraben’ (la frontière linguistique, NDLR), il y a des ponts possibles. Et à Marin, le Papiliorama en était déjà un. Avec son nouvel emplacement, il peut être un pont encore plus fort qu’avant.»
Le pont des papillons…
swissinfo, Bernard Léchot
– Le Papiliorama, voué aux papillons exotiques, a été fondé en 1988 à Marin (NE) par le biologiste Maarten Bijlefeld.
– Visant à s’agrandir, il a déménagé à Chiètres/Kerzers, dans le canton de Fribourg, où il a été inauguré le 14 avril.
– A l’avenir, ce centre se transformera en véritable ‘complexe’: Papiliorama, Nocturama, Polydôme, ‘Jungle Trek’, et un ‘Jardin aux papillons’ destiné à la faune indigène.
– La Fondation du Papiliorama vise à sensibiliser à la beauté de la flore et de la faune des forêts tropicales et à leur précarité.

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