Chypre commence à prendre la mesure des défis qui l'attendent
La petite île de Chypre, après la réouverture dans le calme de ses banques, commençait à prendre vendredi la mesure des immenses défis à venir pour maintenir sa place dans une zone euro. L'Union monétaire ne sort pas non plus indemne de cette crise.
Les habitants de l'île s'attendent à vivre des jours difficiles avec une activité fortement perturbée par le contrôle des capitaux imposé après douze jours de fermeture forcée de toutes les banques du pays. Celles-ci ont pu rouvrir jeudi, sans incident, au grand soulagement des marchés après une semaine de forte tension.
Des files d'attente limitées se sont à nouveau formées vendredi matin au moment de l'ouverture des guichets, mais uniquement devant les agences de Laïki Bank, principale victime de l'accord conclu lundi entre Chypre et ses bailleurs de fonds afin d'éviter une faillite de l'île.
Pour éviter une fuite massive des capitaux, les autorités chypriotes ont mis en place de sévères restrictions. Les retraits sont limités à 300 euros (quelque 366 francs) par jour et par personne dans toutes les banques, tandis que les paiements par carte à l'étranger ne peuvent dépasser 5000 euros par mois. Les virements bancaires vers l'étranger restent interdits.
Longue et lourde récession
L'Institut de la finance internationale (IIF), qui représente les plus grandes banques du globe, a averti jeudi que l'économie du pays allait connaître une "chute libre", avec une récession pouvant atteindre 20% dans les deux prochaines années.
Le Fonds monétaire international (FMI), un des trois bailleurs de fonds de l'île, a reconnu que la mise en oeuvre du plan d'aide ouvrait une période "difficile pour les Chypriotes pendant un certain temps".
Le lobby mondial des banques juge en conséquence qu'il y a une "réelle possibilité" de voir Chypre sortir de la zone euro après son sauvetage financier controversé. Le président chypriote Nicos Anastasiades a toutefois assuré vendredi que Chypre ne quitterait pas la zone euro, que l'île a rejointe en 2008.