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Erwin Sperisen était le chef suprême, selon la partie plaignante

(Keystone-ATS) L’ancien chef de la police civile du Guatemala, jugé à Genève pour dix exécutions extrajudiciaires de détenus et de fugitifs, était au courant de tout, ont indiqué devant le Tribunal criminel les avocats de la partie plaignante. Selon eux, de nombreux documents et témoignages attestent de l’implication de l’accusé dans des actions de “nettoyage social”.

Erwin Sperisen est celui qui a délivré les permis de tuer, a relevé Alec Reymond. Lors de la reprise en main par les forces de sécurité de la prison de Pavon, en septembre 2006, le prévenu était le chef suprême et il a tout su de l’opération parallèle qui visait à éliminer les détenus influents, a ajouté sa collègue Alexandra Lopez.

Pour les deux avocats, qui défendent la mère d’un détenu décédé, tout indique que les sept prisonniers tués lors de la reprise en main de Pavon l’ont été alors qu’ils étaient maîtrisés.

Un rapport accablant

Le rapport du médecin légiste suffit par exemple pour anéantir “la fumeuse théorie de l’échange de coups de feu” entre forces de l’ordre et prisonniers.

Erwin Sperisen a même abattu froidement de ses mains un détenu, en lui tirant dessus à bout portant alors qu’il était déshabillé et maîtrisé. “Il l’a fait par vengeance personnelle”, a souligné Mme Lopez.

Selon les deux avocats de la partie plaignante, l’ancien chef de la police du Guatemala a également participé, en 2005, au plan secret qui visait à abattre trois détenus qui s’étaient échappés du pénitencier d'”El Infiernito”, près de Guatemala City. “Une structure parallèle”, de type escadron de la mort, avait été mise en place dans ce but.

“Pas d’asile pour les tortionnaires”

Pour M.Reymond, le procès d’Erwin Sperisen est indispensable. Il permet d’envoyer le message “qu’il n’y a pas d’asile dans notre pays pour les tortionnaires”. Erwin Sperisen est jugé en à Genève, car il possède la double nationalité suisse et guatémaltèque. Les autorités helvétiques ne peuvent donc pas l’extrader au Guatemala où la justice le réclame.

Mme Lopez a demandé pour sa cliente 40’000 francs pour la mort de son fils et 15’000 francs pour le tort subit à la suite de la parution d’un article sur elle dans “L’Illustré”, où elle apparaît en photo avec son adresse et son nom. Aujourd’hui, cette dame de 70 ans “vit dans la crainte”, a déploré l’avocate.

Le procès se poursuit demain avec les plaidoiries de la défense d’Erwin Sperisen. Le verdict doit être rendu en fin de semaine.

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