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Plus de quatre milliards de personnes sans protection sociale

De nombreuses personnes n'ont toujours pas de protection sociale malgré les efforts menés face à la pandémie dans les différents pays (archives). KEYSTONE/EPA/MADE NAGI sda-ats

(Keystone-ATS) La réponse à la pandémie sur le marché de l’emploi dans les différents pays est insuffisante, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). Plus de quatre milliards de personnes restent sans protection sociale, précise un rapport publié mercredi à Genève.

L’écart entre les pays riches et pauvres s’est étendu sur cette question. “C’est le moment critique pour utiliser la réponse à la pandémie” et aboutir à de nouveaux systèmes de droit à la protection sociale, estime le directeur général de l’OIT Guy Ryder.

Près de 1800 dispositifs de soutien ont été lancés en réponse au coronavirus, une activité sans précédent pour assister les travailleurs sur la santé, les emplois ou les revenus. Mais certains sont provisoires et “inadaptés”, a ajouté M. Ryder devant la presse. Pour autant, la plupart des pays n’ont pas interrompu leur aide, a renchéri une responsable de l’organisation.

Seuls 47% de la population mondiale est couverte par au moins une prestation. Par région, l’Europe et l’Asie centrale affichent les taux les plus élevés, avec plus de quatre personnes sur cinq et même près de 93% en Suisse. Le continent américain suit avec un peu plus de 60%. En revanche, l’Asie/Pacifique et les Etats arabes ne sont qu’à 40% ou un peu plus. Alors que moins d’une personne sur cinq est protégée en Afrique.

Autre problème, seul un quart des enfants (environ 26,4%) s’appuie sur au moins une prestation. Seules 45% des femmes avec un bébé reçoivent une allocation de maternité. Seule une personne gravement handicapée sur trois touche une pension d’invalidité.

Appel à investir

Les indemnités de chômage sont encore plus problématiques, avec seul un peu plus de 18% des travailleurs couverts. Plus de trois quarts des personnes ayant dépassé l’âge de la retraite reçoivent une pension, mais des disparités importantes subsistent entre les régions, entre zones urbaines et rurales et entre hommes et femmes.

Les dépenses publiques de protection sociale varient également largement. En moyenne, les pays attribuent moins de 13% de leur Produit intérieur brut (PIB) à ce financement, hors santé. Ce taux atteint plus de 16% dans les Etats riches et seulement un peu plus de 1% dans les pays pauvres.

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, le déficit de financement pour garantir au moins une prestation sociale a augmenté d’environ 30%. Les pays pauvres devraient investir 77,9 milliards de dollars supplémentaires par an, contre près de 370 milliards pour les pays à revenus intermédiaires et plus de 740 milliards pour les ceux à revenus intermédiaires supérieurs.

“Il serait extrêmement dommageable” de réduire les dépenses de protection sociale, a dit une responsable de l’OIT, appelant à investir dans ce secteur en pleine pandémie. La protection sociale peut contribuer à améliorer la santé et l’éducation, à une plus grande égalité, à des systèmes économiques plus durables, à une meilleure approche des migrations ou aussi à honorer les droits fondamentaux, dit l’organisation.

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