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Une femme indienne sur trois victime de violences conjugales

La condition des femmes indiennes reste considérée comme une des plus difficiles au monde (archives). KEYSTONE/AP/ANUPAM NATH sda-ats

(Keystone-ATS) En Inde, une femme sur trois est victime de violences conjugales, selon un communiqué de SWISSAID qui lance lundi une campagne contre ce fléau qui mine les familles. Cette violence à l’égard des Indiennes s’exerce aussi régulièrement à l’égard de touristes.

Plus d’un tiers des femmes déclarent avoir été battues par leur conjoint pour n’avoir pas « bien » cuisiné, selon l’ONG suisse. En Inde, de nombreuses femmes maltraitées préfèrent mourir plutôt que de continuer à vivre dans de telles conditions. Le suicide est d’ailleurs la principale cause de mortalité chez les femmes entre 15 et 49 ans.

Manisha Gupte, une des principales figures féministes en Inde depuis les années 70, explique qu' »il s’agit d’une violence structurelle », dans un entretien réalisé par SWISSAID. Les femmes qui veulent changer ses structures se voient répondre « souvent par la violence » du milieu familiale.

Toutes les couches sociales sont touchées par ce fléau, « car la violence est une question de pouvoir et de contrôle. L’homme bat donc la femme qui répercute cette violence sur les enfants », ajoute-t-elle.

Lois rarement appliquées

Mme Gupte rappelle qu' »un mariage raté est une honte et une femme divorcée perd son statut social au village ». Cela explique en partie que peu d’affaires soient jugées. D’autant plus que très souvent les voisins, la police et même la propre famille des victimes préfèrent fermer les yeux, rappelle l’ONG.

« Il existe pourtant des lois en Inde pour protéger les femmes de la violence domestique », précise Caroline Morel, directrice de SWISSAID. Mais celles-ci ne sont que rarement appliquées. Les femmes maltraitées se retrouvent le plus souvent abandonnées à elles-mêmes, et ont besoin d’un appui.

C’est le cas de Sabera Shaik, 22 ans, régulièrement battue et séquestrée par son mari : « Je suis très reconnaissante à Manavlok. Sans son appui, je ne serais plus en vie », témoigne-t-elle. Aujourd’hui, elle vit auprès de sa grand-mère, après avoir traduit son mari devant un tribunal. Elle est retournée à l’école et collabore avec l’ONG Manavlok.

Changer les mentalités

Il s’agit donc de faire un travail sur le terrain qui contribue à changer les mentalités et les comportements. L’association Manavlok, soutenue par SWISSAID, active dans l »Etat du Maharashtra, lutte contre les violences conjugales et protège les femmes, en leur offrant une aide psychologique, juridique, médicale et financière.

Afin de traiter le mal à la racine, les hommes, aux côtés des femmes, participent à des séances de groupes. Celles-ci favorisent des changements de comportements spectaculaires.

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