
Escroquerie à la Croix-Rouge bavaroise: une société suisse impliquée
Le tribunal de Munich a condamné à 5 ans et 4 ans de prison deux anciens dirigeants de la Croix-Rouge bavaroise. De concert avec leurs fournisseurs, dont une firme suisse aujourd’hui en liquidation, ils avaient escroqué l'association.
Le tribunal de Munich a condamné à 5 ans et 4 ans de prison deux anciens dirigeants de la Croix-Rouge bavaroise. De concert avec leurs fournisseurs, dont une firme suisse aujourd’hui en liquidation, ils avaient escroqué l’association.
Deux des principaux managers de la Croix-Rouge bavaroise ont empoché, depuis le début des années 80, de somptueux pots-de-vin estimés à 16 millions de francs. Heinrich Hiedl et Adolf Vogt, le chef des services de transfusion de la Croix-Rouge, acceptaient de facturer à un prix surévalué le matériel médical et les produits sanguins indispensables à leur association.
La caisse de la Croix-Rouge et les patients étaient, bien sûr, les dindons de la farce. Selon le procureur de Munich, l’association aurait versé environ 15 millions de francs de surfacturation ces dernières années. En contrepartie, les fournisseurs récompensaient les deux escrocs par le biais de commissions versées en argent liquide ou en avantages matériels divers.
La société zurichoise Diag Human AG, par exemple, aurait versé 1,2 million de francs depuis 1995 à chacun des deux hommes. Josef Stava, l’un des fondateurs de la société, aujourd’hui en liquidation, estime que Hiedl et Vogt auraient empoché depuis 1983 environ 16 millions de francs de dessous-de-table.
Huit francs pour leur poche par litre de plasma, C’est le marché que les deux anciens dirigeants de la Croix-Rouge bavaroise avaient proposé à l’homme d’affaires suisse au cours d’un voyage commun en Tchécoslovaquie.
L’affaire conclue, Diag Human AG a enregistré régulièrement les commissions versées sur ses livres de comptes. Depuis 1983, Vogt et Hiedl y étaient recensés comme « collaborateurs extérieurs ». Et l’argent était remis en liquide, une fois par trimestre, aux deux hommes, à Munich ou à Zurich.
Josef Stava confiait à l’hebdomadaire der Spiegel en juillet 1999 que les deux managers semblaient avoir d’excellentes relations avec les dirigeants de la CSU, la démocratie chrétienne bavaroise. Ils paraissaient ainsi à l’abri de toute mauvaise surprise.
Hiedl et Vogt entretenaient les mêmes rapports avec d’autres société dont Abbot aux USA. Ils cumulaient les voyages à Miami, Las Vegas ou Puerto Rico, avec des honoraires de conseillers qui pouvaient s’élever jusqu’à 200 000 francs.
Reconnus coupables par le tribunal de Munich, Adolg Vogt a été condamné à 5 ans et dix mois de prison, et Heinrich Hiedl à 4 ans et dix mois.
Michel Verrier, Berlin

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