Des perspectives suisses en 10 langues

Votation: des collections en quête d’espace et de lumière

Les Vaudois se prononcent dimanche sur l'avenir du projet de nouveau Musée cantonal des Beaux-arts. Contesté par un référendum, le futur bâtiment permettra de mettre en lumière les riches collections du musée actuellement entreposées dans des caves.

«Un musée, c’est la confrontation avec les œuvres originales», rappelle Catherine Lepdor, conservatrice du Musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne. Pour l’heure, seuls 2% des quelque 9000 œuvres sont exposées. La première ambition du nouveau musée sera donc de dévoiler ces trésors cachés.

«Nous pourrons ainsi dessiner un parcours pictural cohérent depuis le milieu du 18ème siècle. C’est important, car le musée est aussi l’espace d’apprentissage de l’histoire de l’art», explique Catherine Lepdor, elle-même historienne de l’art.

Et ça n’est pas tout. «Le musée fait aussi office de centre de documentation et de recherche, poursuit Catherine Lepdor. Il faut donc qu’il puisse, à un rythme fréquent, présenter un peintre, un tableau ou une thématique. Avec les grands espaces offerts par le nouveau musée, nous pourrons faire échos aux recherches menées à l’université de Lausanne qui travaille beaucoup sur la peinture suisse et vaudoise.»

Des Vaudois voyageurs

Le musée possède des œuvres qui vont de l’Egypte ancienne à nos jours. Mais sa force et son originalité tient surtout à cinq grands fonds d’artistes originaires du Canton de Vaud, actifs principalement à Paris et à Rome.

Ces fonds sont ceux de l’aquarelliste naturaliste Abraham-Louis-Rodolphe Ducros (1748-1810), de Charles Gleyre (1806-1874), peintre académicien qui a été le maître des impressionnistes, de Louis Sutter (1871-1942), grande figure de l’art brut, du peintre Félix Vallotton (1865-1925), célèbre pour ses gravures sur bois et ses illustrations en noir et blanc et de l’autodidacte Théophile-Alexandre Steinlen (1859 – 1923), un des plus importants illustrateur du Paris de la Belle Epoque.

Si le projet passe la rampe du scrutin populaire de ce dimanche, le nouveau musée pourra s’enrichir de nouvelles donations. «Les donations promises permettront de compléter les collections du musée pour le 20ème siècle», relève Catherine Lepdor.

Ainsi, la collection Jean Planque (400 œuvres) fait la part belle à la peinture abstraite et des figures majeures comme Picasso, Paul Klee ou Degas. Les collections du Bois et Pauli, elles, apportent les interrogation de l’art contemporain avec des artistes comme Janis Kounellis (arte povera), Jim Dine (pop art), Louise Nevelson (expressionisme abstrait) ou le peintre Pierre Soulage, labélisé spécialiste du noir-lumière.

Le poids des privés

L’apport des privés a d’ailleurs joué un rôle essentiel durant toute l’histoire du musée. «C’est en effet une donation privée qui a permis de démarrer l’aventure du musée des Beaux-arts en 1841, raconte Catherine Lepdor. La 1ère collection du musée issue de la donation Ducroz avait été achetée par des privés jusqu’à ce que les autorités cantonales soient en mesure d’acquérir cette collection et de l’exposer dans un musée.»

Outre les collections Planque, Dubois et Paulis, les grandes surfaces du nouveau musée pourront inciter d’autres donateurs à léguer leurs collections au Canton de Vaud, selon la conservatrice qui rappelle que l’Etat de Vaud n’a pas les moyens d’acheter des œuvres qui se chiffrent en millions de francs.

Et de conclure: «Le bassin lémanique accueille un grand nombre de collectionneurs. Sans nouveau musée, nous n’aurons aucune chance de recevoir les œuvres qu’ils possèdent.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Avec «Steinlen, l’œil de la rue», le Musée cantonal des Beaux-arts à Lausanne présente près de 280 œuvres, certaines rarissimes, jusqu’au 25 janvier.

Ce sont des affiches, des illustrations de livres, des peintures, des sculptures, des dessins de l’artiste autodidacte Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923).

Né à Lausanne, naturalisé français, l’artiste est un des cinq piliers du musée vaudois, avec Abraham-Louis-Rodolphe Ducros, Charles Gleyre, Louis Sutter et Félix Vallotton

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision