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Des mesures locales de prévention incluant notamment les imams

Les médias ont déjà souvent évoqué le départ de jeunes Suisses radicalisés pour combattre en Irak ou en Syrie (photo symbolique). Keystone/AP Video/UNCREDITED sda-ats

(Keystone-ATS) La lutte contre le djihadisme en Suisse doit passer par un travail de prévention local. Le Réseau national de sécurité, qui réunit Confédération et cantons, a publié une série de recommandations pour mieux contrer la radicalisation. Elles touchent notamment aux imams.

Le rapport en question ne se concentre pas sur la sécurité, mais sur les domaines de l’éducation, du social, de la religion, de l’intégration et de l’exécution des peines, tous de la compétence des cantons. Leurs nombreux représentants ont les moyens d’identifier précocement les tendances à la radicalisation, rappelle le Département fédéral de la défense (DDPS) dans un communiqué.

Une stratégie pour faire collaborer ces différents intervenants à l’échelon régional et local, portée par les autorités politiques, permettrait d’aboutir à une prévention efficace, indique dans son rapport André Duvillard, délégué de la plateforme de consultation. Des organes spécialisés devraient notamment fournir aux citoyens et institutions des renseignements sur la radicalisation djihadiste.

Les professionnels qui s’occupent des enfants et des jeunes devraient être pour leur part sensibilisés au travers de réunions et de programmes de formation continue. Quant aux élèves, aux enseignants et aux parents, ils devraient être mieux instruits sur l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux, qui jouent un rôle important dans le processus de radicalisation.

Imams répertoriés

Il conviendrait aussi d’intégrer à cette stratégie, autant que faire se peut, des représentants des communautés musulmanes, écrit M. Duvillard. Le dialogue entre ces dernières et les autorités doit d’ailleurs être mené à tous les niveaux, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui. Les cantons devraient commencer par connaître les noms des personnes exerçant une activité d’imam.

De son côté, la Confédération devrait examiner l’opportunité d’une surveillance des canaux de financement des fondations religieuses, selon le rapport. Le texte suggère en outre de créer une voie de formation reconnue pour l’assistance spirituelle musulmane ou d’utiliser dans ce but des programmes existant de formation continue.

Enfin, le délégué du Réseau national de sécurité questionne la mise sur pied d’un centre national traitant des questions religieuses émanant tant d’autorités cantonales et communales que d’associations musulmanes.

A Genève et Fribourg

Le Réseau national de sécurité fonde en partie ses conseils sur des mesures existant déjà dans certains cantons, régions et villes, ou à l’étranger. Il recense ainsi, à petite échelle, des projets de développement de quartier visant à renforcer l’intégration sociale. D’autres veulent combattre le chômage et la perte de perspectives ou améliorer la compréhension des principes démocratiques.

Le rapport cite par exemple le canton de Genève, le premier à avoir mis en place une stratégie de prévention de la radicalisation. Elle repose sur un groupe de pilotage politique et un groupe de coordination opérationnelle, dans lequel sont représentés tous les acteurs publics concernés, ainsi qu’un groupe de partenaires publics et associatifs chargés de la mise en œuvre des mesures.

Autre exemple, le canton de Fribourg, où la prévention à ce niveau, dans le domaine non sécuritaire, repose essentiellement sur les agents de la police de proximité. Ces derniers sont au contact dans l’ensemble du canton avec les divers partenaires socio-éducatifs ainsi que les communautés religieuses.

Réunion à venir

Le Groupe Sécurité de la Confédération a demandé à la plateforme de dresser une liste des mesures de prévention en vigueur en Suisse en automne 2015, dans le cadre de la task force “TETRA” (TErrorist TRAvellers). Sur cette base, il lui appartenait de soumettre aux cantons une liste de recommandations et conseils.

Les directeurs cantonaux de justice et police (CCDJP) ainsi que des représentants de l’Union des villes suisses et de l’Association des communes suisses ont estimé que ce rapport constituait une solide base pour des travaux ultérieurs. Ils se réuniront prochainement afin d’adapter les recommandations et de définir une approche commune de prévention de la radicalisation.

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