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Violations de la trêve, Moscou prêt à user de son influence à Damas

A Alep, qui attend toujours l'aide humanitaire promise, des hommes convertissent du plastique en fioul. KEYSTONE/EPA/STRINGER sda-ats

(Keystone-ATS) Le Kremlin s’est dit prêt vendredi à user de son influence à Damas pour que le cessez-le-feu s’applique, alors que l’aide humanitaire est toujours bloquée. Il espère que Washington fera de même avec les rebelles, qu’il accuse d’être les seuls à violer la trêve.

Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a néanmoins estimé que le processus de cessez-le-feu en Syrie progressait “en dépit de quelques revers”. La Russie s’est dite disposée dans ce contexte à prolonger de 72 heures supplémentaires le cessez-le-feu entré en vigueur lundi.

Celui-ci devait être à 23h30 heure suisse au menu d’une réunion urgente à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que d’une rencontre entre le président américain Barack Obama et son équipe de sécurité nationale.

Civils tués

Après trois jours de diminution significative des violences, sans aucun décès signalé, plusieurs civils ont été tués depuis jeudi, dont au moins trois vendredi dans un bombardement par des avions non identifiés dans la province d’Idleb tenue par les insurgés, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’attaque a également fait 13 blessés.

De violents combats ont par ailleurs éclaté vendredi matin dans les faubourgs est de Damas. L’armée affirme avoir bloqué une tentative des rebelles d’entrer dans Damas via le quartier de Jobar, selon une source militaire, qui a fait état “d’affrontements intenses et de tirs de roquettes”.

Jobar est aux mains de factions rebelles alliées au groupe djihadiste Front Fateh al-Cham (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) présent dans ce quartier.

Dans la province d’Idleb, des insurgés ont aussi tiré en direction des villages chiites d’Al Foua et Kefraya, a indiqué l’OSDH.

Aide toujours bloquée

Les deux villages font partie des zones assiégées qui doivent bénéficier de l’aide humanitaire de l’ONU, au même titre que les quartiers insurgés d’Alep.

Pour obtenir des garanties que ce sera le cas, des centaines d’habitants de deux autres villages chiites, Noubol et Zahra, au nord-ouest d’Alep, ont pris vendredi la direction de la route du Castello, l’artère par laquelle l’aide est supposée arriver à Alep lorsque le feu vert sera donné, pour bloquer un éventuel convoi humanitaire, a indiqué l’OSDH.

Damas maintient ses troupes

Pour accéder aux populations dans la zone rebelle d’Alep, l’accord prévoit la démilitarisation de cette route.

L’armée russe a une nouvelle fois annoncé que l’armée syrienne était prête à s’en retirer. Selon elle, les forces de Damas avaient commencé à se désengager de cet axe stratégique, mais ont été obligées d’y revenir face au maintien dans leurs positions des groupes rebelles.

Ce blocage a donné lieu à des frictions entre Washington et Moscou, soutiens respectifs de la rébellion et du régime. Le Pentagone a souligné qu’il n’y aurait pas de coopération militaire avec Moscou en Syrie tant que l’aide n’aura pas été débloquée.

Centre de coordination

Une cessation des hostilités pendant sept jours devra, selon l’accord, permettre la création d’un centre inédit de coordination militaire entre Moscou et Washington pour frapper les groupes djihadistes Etat islamique (EI) et le Front Fateh al-Cham.

La Russie de son côté accuse Washington de ne pas faire assez de pression sur les rebelles pour qu’ils prennent leurs distances avec ce dernier groupe.

Or, les rebelles comptent sur l’aide de Fateh al-Cham, aguerri et bien organisé, dans toute bataille contre le régime. De plus, ils contrôlent avec ce groupe de vastes régions dans les provinces d’Alep, d’Idleb et de Damas.

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