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“Mort du droit” vénézuelien dénoncée par Luisa Ortega

Luisa Ortega affirme détenir des preuves de paiements illégaux effectués par le groupe brésilien de BTP Odebrecht au bénéfice de responsables vénézuéliens, dont le président Maduro. KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancienne procureure générale du Venezuela Luisa Ortega a dénoncé “la mort du droit” dans son pays lors d’une réunion des pays du Mercosur mercredi à Brasilia. Elle a promis de nouvelles accusations contre le président vénézuélien Nicolas Maduro.

Arrivée tard mardi en provenance de Colombie, première étape de sa fuite du Venezuela, Mme Ortega, dont M. Maduro réclame l’arrestation, s’est également dite menacée de mort.

L’opposante a profité de la tribune d’une réunion des procureurs des pays du Mercosur, le marché commun sud-américain, dans la capitale brésilienne, pour fustiger le pouvoir. “Ce qui se passe au Venezuela, c’est la mort du droit. La stabilité de la région est en danger”, a-t-elle affirmé.

L’ex-procureure, relevée de ses fonctions par le pouvoir, a fui vendredi le Venezuela, où elle se considère victime d’une “persécution politique”.

M. Maduro, élu en 2013 et dont le mandat s’achève début 2019, est confronté depuis début avril à une vague de manifestations pour exiger son départ qui ont fait 125 morts, sur fond de naufrage économique.

Preuves de paiements illégaux

Dans une brève déclaration à la presse à son arrivée à l’aéroport de Brasilia, M. Ortega avait indiqué qu’elle comptait parler notamment de “la corruption” au Venezuela lors de la conférence de Brasilia. “Oui, je vais parler d’Odebrecht, de l’affaire de corruption au Venezuela et de ma situation”, a-t-elle dit aux journalistes.

Mme Ortega affirme détenir des preuves de paiements illégaux effectués par le groupe brésilien de BTP Odebrecht au bénéfice de responsables vénézuéliens, dont le président Maduro.

L’un des plus grands groupes de construction d’Amérique latine est au coeur d’un scandale de corruption qui a secoué tout le continent, avec la constitution d’un cartel ayant truqué des marchés de sous-traitance de la compagnie étatique Petrobras, distribuant des pots-de-vin à des hommes politiques.

Reconnue par ses collègues

Le procureur général du Brésil a indiqué avoir personnellement invité Mme Ortega à la réunion de Brasilia. Dès le début de la réunion de mercredi, elle a reçu le soutien inconditionnel de ses collègues.

“Nous te reconnaissons comme la procureure générale du Venezuela. Tu peux compter sur le soutien de tous les parquets de la région”, a déclaré le procureur paraguayen Javier Díaz Verón, évoquant une “gifle à la démocratie”.

Maduro isolé

Le président Maduro a annoncé mardi que le Venezuela allait officiellement réclamer l’arrestation de Mme Ortega, devenue une des principales opposantes au chef de l’Etat. “Le Venezuela va solliciter auprès d’Interpol une notice rouge contre ces personnes impliquées dans des délits graves”, a-t-il déclaré.

Il faisait référence à Mme Ortega et à son mari German Ferrer, député chaviste (du nom d’Hugo Chavez qui fut président de 1999 à sa mort en 2013 et le mentor de Nicolas Maduro) passé à l’opposition.

Largement isolé sur la scène internationale, le président a toutefois rappelé qu’il comptait encore un allié de poids: la Russie.

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