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“Nous voulons soutenir au maximum les éleveurs de moutons”

L'organisation pour la protection des alpages suisses (OPPAL) mise sur l'éco-bénévolat pour venir en aide aux éleveurs de moutons (archives). KEYSTONE/DOMINIC STEINMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Une nouvelle organisation qui vise la protection des alpages suisses (OPPAL) vient d’être lancée. Elle mise sur l’éco-bénévolat en invitant tout un chacun à participer à de la surveillance nocturne pour venir en aide aux éleveurs de moutons.

“OPPAL, via son programme Pastora Protect, a pour objectif de motiver un maximum de bénévoles à surveiller un alpage afin d’apporter une aide concrète aux éleveurs qui font face à des attaques de loups”, explique à Keystone-ATS Isabelle Germanier, à l’origine de ce projet avec trois autres passionnés. De cette manière les moutons seraient surveillés 24h/24.

“Toute initiative visant à aider concrètement les agriculteurs dans la protection des troupeaux et à contribuer à une meilleure compréhension réciproque est louable et nous la soutenons”, réagit de son côté le Service de l’agriculture. Ce dernier a rencontré les responsables de l’association OPPAL, afin d’assurer “une bonne coordination de nos activités respectives.”

“C’est une initiative positive”, estime de son côté Roland Hammel éleveur jurassien qui fait toute l’estive en Valais. Son troupeau n’a jamais subi d’attaques de loups mais, en 2019, deux des alpages voisins du sien ont été attaqués à plusieurs reprises, provoquant la mort de dizaines de moutons. Si toute aide est bonne à prendre, il estime que le résultat de ce programme dépendra aussi de l’ouverture des éleveurs et du degré de formation des volontaires.

Une journée de formation

Pour participer à cet éco-bénévolat qui s’inspire d’un programme français, les intéressés devront suivre une journée d’information durant laquelle bergers, éleveurs, spécialistes des chiens de protection et des loups prendront tour à tour la parole pour leur expliquer au mieux leur mission. Cette journée abordera également les dangers liés à la montagne. Les bénévoles ne doivent absolument pas prendre de risques, complète Isabelle Germanier qui est aussi la porte-parole romande du Groupe Loup Suisse.

“Ce qu’on leur demande c’est d’effectuer des rondes de surveillance, d’observer des éventuelles approches de loups et de leur montrer une présence humaine”. Le loup est un animal qui peut rester à observer un troupeau pendant deux jours avant de se lancer. Il va calculer le rapport risque/bénéfice et non pas le rapport effort/bénéfice. En d’autres termes, explique Isabelle Germanier, la simple présence d’êtres humains “est extrêmement dissuasive”.

Toute personne intéressée est la bienvenue, même si la porte-parole souligne qu’une attention particulière sera apportée aux lettres de motivation des bénévoles. “Le but étant d’aider les éleveurs et pas de débattre, sur l’estive, du bien-fondé ou non du retour du loup en Suisse”, ajoute-t-elle. Cette expérience humaine doit aussi privilégier un rapprochement entre le monde citadin et celui de l’élevage qui ne se comprennent pas toujours.

Intérêt des deux côtés

Depuis la création de la page Facebook de l’OPPAL, Isabelle Germanier a déjà été contactée par de nombreux intéressés. Du côté des éleveurs, deux d’entre eux, dont l’un dans le Val d’Entremont, ayant dû faire face à plusieurs attaques les dernières années, ont déjà indiqué vouloir tenter le coup durant l’été 2021.

“Nous allons concentrer nos forces pour que leurs troupeaux soient protégés tout le temps de l’estivage. Leurs bergers seront présents le jour, et nous la nuit”, résume Isabelle Germanier.

Le service sera gratuit pour les éleveurs qui doivent toutefois déjà bénéficier au moins d’un parc de nuit. De leur côté, les bénévoles seront invités à payer une cotisation annuelle à l’OPPAL avant de pouvoir participer au programme. Une fois formés, ils pourront choisir de monter la garde deux jours, comme tout l’été.

Recherche de fonds

Isabelle Germanier espère trouver suffisamment de subventions pour que l’organisation puisse proposer rapidement à ses futurs bénévoles tentes-tipis et matériel de vision nocturne au minimum. A terme, OPPAL souhaite pouvoir soutenir tous les éleveurs qui en feraient la demande et ratisser même des volontaires au-delà des frontières nationales.

L’organisation a déjà obtenu le soutien financier de Pro Natura et du Groupe Loup Suisse. Au service de l’agriculture, on indique “être prêt à soutenir financièrement des projets concrets, qui devront être définis ensemble”. Mais surtout, insiste-t-il, “entrepris uniquement en plein accord avec les éleveurs concernés”.

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