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2016, une année plutôt calme pour les banques suisses

Rattrapé par le scandale du fonds 1MDB, l'établissement tessinois BSI va disparaître (archives). KEYSTONE/TI-PRESS/PABLO GIANINAZZI sda-ats

(Keystone-ATS) Après avoir retrouvé la sérénité en 2015, les banques suisses ont dans l’ensemble vécu un exercice 2016 plutôt calme. Si le conflit fiscal avec les Etats-Unis n’est pas encore entièrement résolu, d’autres affaires héritées du passé doivent aussi trouver une issue.

Rattrapé par le scandale du fonds 1MDB, l’établissement tessinois BSI va lui disparaître.

L’année s’est écoulée dans le calme, mais l’environnement économique s’est révélé difficile. Dans un contexte de taux d’intérêt durablement bas, les banques helvétiques ont dû ces deux dernières années s’accommoder du taux négatif frappant leurs dépôts à vue auprès de la Banque nationale suisse (BNS).

Le bas niveau des taux pèse sur les revenus et les charges s’affichent en hausse depuis la crise financière, malgré la multiplication des programmes d’économie. Les banques doivent composer avec un corset réglementaire nettement resserré depuis 2008, lequel augmente leurs charges.

Du côté de l’épineux dossier fiscal avec les Etats-Unis, trois établissements de la catégorie 1 du programme américain de régulation fiscal, ont réglé leur cas. Rejoignant UBS et Credit Suisse, Julius Baer a signé en début d’année un accord définitif avec la justice américaine, avec à la clé le paiement par le gestionnaire de fortune zurichois de quelque 560 millions de francs.

Feuilleton pas terminé

Mais au terme de l’année, le long feuilleton ne connaît toujours pas son épilogue. A ce jour, les cas des banques cantonales de Zurich et Bâle demeurent pendants. En revanche, les 80 établissements de la catégorie 2, soit ceux ayant des raisons de croire avoir enfreint la législation des Etats-Unis, ont réglé leurs affaires avec la justice américaine. Et payé 1,36 milliard de dollars d’amendes.

Mais les banques helvétiques pourraient devoir faire face à de nouvelles procédures dans d’autres pays, après la mise en oeuvre l’an prochain de l’échange automatique d’informations. Les plus grands établissements font déjà face à des poursuites dans plusieurs Etats, dont par exemple la France pour UBS.

Ces instituts n’en ont pas non plus terminé avec les affaires de manipulations. Après celles intervenues sur le taux Libor et les devises, les autorités de plusieurs pays se penchent d’un peu plus près sur de possibles ententes de prix dans le négoce de métaux précieux.

En Suisse, la Commission de la concurrence (COMCO) a infligé il y a une semaine des amendes de 99,1 millions de francs dans cinq procédures différentes portant notamment sur le cartel Libor en francs. Credit Suisse devra payer 2 millions pour s’être entendu sur les écarts de cotation des prix (spreads) des produits dérivés en francs.

La fin pour BSI

A l’image des années précédentes, une nouvelle affaire héritée du passé est venue emporter un établissement plus que centenaire. Suite à une enquête lancée en 2015 avec son homologue de Singapour dans le cadre du scandale du fonds souverain malaisien 1MDB, l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), a mis en lumière de graves lacunes de la BSI en matière de blanchiment d’argent.

Le gendarme des marchés avait averti l’institut bancaire fondé à Lugano en 1873 sous le nom de Banca della Svizzera Italiana (BSI) contre les dangers de corruption et de blanchiment d’argent en automne 2013. Selon la FINMA, la filiale de BSI à Singapour constituait l’une des plaques tournantes pour les transactions douteuses du fonds d’Etat 1MDB.

La justice américaine soupçonne des proches du pouvoir malaisien, voire des responsables gouvernementaux, d’avoir siphonné du fonds d’Etat créé en 2009 par le premier ministre malaisien Najib Razak 3 milliards de dollars via un complexe réseau de sociétés-écrans afin de mener grand train. Le Ministère public de la Confédération enquête aussi.

La FINMA a confisqué à BSI 95 millions de francs de bénéfices. Dans le volet de la reprise de BSI par EFG International, annoncée en février, elle a conditionné son feu vert à la dissolution de la première après son intégration. Outre BSI, Falcon Private Bank et dans une moindre mesure UBS ont été éclaboussées dans ce scandale.

Nouveau président pour l’ASB

A la faveur de la relative accalmie qu’ont connue les banques helvétiques, Patrick Odier, le président de l’Association suisse des banquiers (ASB), a annoncé au printemps son départ pour l’automne. Après sept ans passés à la tête de l’ASB, le Genevois a jugé le moment opportun, les défis ayant été relevés.

Souhaitant se consacrer davantage au développement de son propre établissement, la banque Lombard Odier, M. Odier a oeuvré à la tête de l’ASB durant une période charnière pour la place financière, marquée par l’abandon du secret bancaire à des fins fiscales. Herbert Scheidt, qui a notamment dirigé la banque privée zurichoise Vontobel, a repris le flambeau.

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