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Alabama: revers électoral pour Donald Trump

Magistrat chrétien ultra-conservateur et controversé, Roy Moore a répété que son but, s'il était élu sénateur, serait de restaurer "la connaissance de Dieu dans la Constitution et au Congrès". KEYSTONE/AP/BRYNN ANDERSON sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump a reçu un camouflet mardi des électeurs républicains de l’Alabama. Ils n’ont pas reconduit son candidat lors d’une élection primaire sénatoriale aux conséquences nationales, choisissant plutôt un “outsider” pour le remplacer.

M. Trump avait mis tout son poids derrière le sénateur sortant Luther Strange, soutenu par les caciques du parti. Mais les républicains lui ont préféré le magistrat chrétien ultra-conservateur et controversé Roy Moore.

Selon les résultats définitifs, Roy Moore l’a emporté par 54,9% des voix contre 45,1% pour Luther Strange. “Grâce à vous, ce soir l’establishment a été battu dans l’Alabama!” s’est félicité le vainqueur dans un tweet.

“Félicitations à Roy Moore pour sa victoire à la primaire républicaine”, a rapidement tweeté Donald Trump. “Luther Strange a commencé loin et est bien remonté. Roy, gagne en décembre!”, a-t-il ajouté, l’élection sénatoriale elle-même ayant lieu le 12 décembre.

Guerre contre l'”establishment”

Paradoxe de ce scrutin, des figures du “trumpisme” soutenaient le juge Moore, à commencer par Steve Bannon, ex-conseiller du président évincé en août de la Maison Blanche. M. Bannon s’est donné comme mission de sauver le “trumpisme” originel d’un dévoiement par les républicains traditionnels.

L’ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin l’épaulait également. Ce scrutin illustre aussi la menace posée par une frange du monde conservateur, en guerre ouverte avec l’establishment du parti républicain.

L’affrontement était moins une bataille idéologique que de personnalités. Aucun candidat ne correspond au profil trumpiste typique, bien que chacun ait assuré vouloir défendre le président.

Luther Strange, 64 ans, nommé en février par le gouverneur en raison de la vacance du siège, est un conservateur classique, lobbyiste devenu homme politique. Il avait promis sa loyauté au milliardaire, qui désespère de voir ses réformes embourbées au Congrès.

Restaurer la connaissance de Dieu

Mieux connu localement, Roy Moore, 70 ans, a bâti sa réputation en défiant les autorités sur la place de la religion dans l’espace public. Il a autrefois installé une statue sur les dix commandements dans son tribunal.

En tant que chef du pouvoir judiciaire de l’Alabama, il s’est fait suspendre de ses fonctions pour avoir refusé de reconnaître la légalisation du mariage homosexuel. Et il a répété mardi que son but, s’il était élu sénateur, serait de restaurer “la connaissance de Dieu dans la Constitution et au Congrès”.

Désormais investi, Roy Moore affrontera en décembre le démocrate Doug Jones. Dans cet Etat très conservateur, il part favori, mais les démocrates voulaient croire que l’extrémisme de ses positions pourrait créer une surprise.

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