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Anaïs Timofte attaque Unia Vaud pour son management autocratique

Anaïs Timofte explique avoir été licenciée d'Unia Vaud pour avoir notamment soutenu la candidature de Komla Kpogli (à gauche), alors candidat au poste de secrétaire régional. KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) La présidente du POP Vaud Anaïs Timofte attaque UNIA Vaud aux Prud’hommes pour licenciement abusif. Limogée l’an dernier par le syndicat, elle dénonce un système de management “autocratique”. Unia conteste formellement.

Anaïs Timofte a détaillé jeudi devant la presse les circonstances de son licenciement. Accompagnée de deux ex-secrétaires syndicaux d’Unia, également licenciés ou poussés à la démission, elle a pointé du doigt des “problèmes graves et répétés au sein d’Unia Vaud” où se multiplient burn-out, licenciements et démissions, accuse-t-elle.

En 2018 déjà, l’inspection du travail avait soulevé des “risques psycho-sociaux importants entre les secrétaires syndicaux et la hiérarchie”. Sur un effectif d’une vingtaine de secrétaires syndicaux, Unia Vaud a enregistré trois licenciements et quatre démissions en 2019, un licenciement et sept démissions en 2020, suivies d’un licenciement et de deux démissions en 2021, énumère l’ex-secrétaire syndicale.

Soutien peu apprécié

En ce qui concerne son cas personnel, Anaïs Timofte estime que son soutien, en 2020, à la candidature de Komla Kpogli au poste de nouveau secrétaire régional, contre l’avis de la direction d’Unia Vaud, a été retenu comme un des motifs de licenciement. Ce soutien a été qualifié par son employeur de “comportement anti-syndicat et anti-direction”.

Présent à la conférence de presse, Komla Kpogli, actif à Nyon de 2015 à 2020, raconte avoir vu “les foudres s’abattre sur lui” et avoir été poussé à la démission pour avoir rédigé, à l’appui de sa candidature, un programme résumant sa vision syndicale. “J’ai osé écrire ce projet et dire les choses qui n’allaient pas”, a-t-il dit.

Discrimination politique

Autre motif du licenciement d’Anaïs Timofte, selon cette dernière: sa participation, à titre amical, à une réunion du syndicat ART (électriciens) fondé par Laurent Tettamanti. Pour rappel, ce dernier avait été congédié en 2019 pour avoir contesté, avec d’autres secrétaires syndicaux, sa classification salariale.

Anaïs Timofte dénonce aussi un traitement “discriminatoire” en ce qui concerne son engagement politique. Dès le départ, on lui a signifié que son contrat serait résilié si elle était élue, ne serait-ce qu’au niveau d’un législatif communal, note la popiste. Alors que d’autres secrétaires – souvent socialistes – occupent des mandats politiques, parfois même au niveau cantonal ou fédéral.

Management de multinationale

D’une manière générale, les trois ex-secrétaires syndicaux dénoncent “un management autocratique et violent, digne des pires multinationales”. Ils critiquent également “l’incapacité de la direction à accepter une diversité d’opinions” en son sein.

Anaïs Timofte précise qu’elle ne vise pas une personne en particulier. “C’est un système qu’il faut changer, une manière de fonctionner”, a-t-elle relevé. Elle a déposé le 23 juin sa requête au Tribunal des Prud’hommes et espère obtenir une reconnaissance du caractère abusif de son licenciement.

Tournus normal

Arrivé récemment – en janvier 2021 – à la tête d’Unia Vaud, Arnaud Bouverat se déclare “serein sur le fonctionnement de notre organisation. Nous employons une septantaine de collaborateurs et le tournus au sein d’Unia Vaud n’est pas différent de celui des autres sections régionales”, a-t-il indiqué à Keystone-ATS.

Serge Gnos, responsable de la communication d’Unia Suisse, conteste “formellement toute référence à un management autocratique”. Pour des raisons de protection de la personnalité, il ne peut pas se prononcer sur un cas précis.

Procédures transparentes

D’une manière générale, il relève que les enquêtes régulières au sein du personnel “ne révèlent aucun problème concernant l’atmosphère de travail”. “Nous appliquons la tolérance zéro par rapport aux problèmes de mobbing et de discrimination”, écrit-il.

Il reconnaît qu’il existe des conflits chez Unia, comme ailleurs. “Si un collaborateur a l’impression que nos valeurs ne sont pas respectées, il existe des procédures claires et transparentes afin d’établir les faits”, a-t-il ajouté. “Les employés ont en tout temps la possibilité de s’adresser à une personne de confiance externe qui est soumise au secret de fonction”.

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