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Au moins 26 guérilleros des Farc tués lors d’un raid en Colombie

(Keystone-ATS) La guérilla des Farc a suspendu vendredi sa trêve instaurée il y a six mois en Colombie. Une décision prise au lendemain d’un raid militaire qualifié de “légitime” par le président Juan Manuel Santos et qui a tué au moins 26 guérilleros de la rébellion marxiste.

L’offensive, menée conjointement jeudi par l’armée et la police, a visé un campement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) dans le département du Cauca, à 480 kilomètres de Bogota, sur la côte Pacifique. Après les bombardements, durant lesquels deux guérilleros ont aussi été blessés, les forces de l’ordre ont mis la main sur un dépôt d’armes.

Les autorités avaient pour cible une unité régionale des Farc accusée d’avoir perpétré l’an passé une attaque sur l’île colombienne de Gorgona dans le Pacifique au cours de laquelle un officier était mort. L’île avait été fermée aux touristes à la suite de ce coup d’éclat inédit des rebelles qui avaient utilisé des embarcations rapides.

Trêve suspendue

Quelques heures après le raid, la rébellion colombienne des Farc a annoncé vendredi la suspension de la trêve unilatérale qu’elle observait depuis près de six mois.

“Les Farc suspendent leur cessez-le feu unilatéral” du fait de “l’incohérence” du gouvernement du président Juan Manuel Santos, a annoncé sur son portail Internet la délégation de la rébellion qui participe aux pourparlers de paix menés depuis fin 2012 à Cuba. Les Farc ont toutefois réaffirmé leur détermination à poursuivre les discussions de paix de La Havane.

Moratoire sur les raids

Le raid a été mené un mois après la levée par le président Juan Manuel Santos du moratoire sur les bombardements contre la principale guérilla colombienne. “C’est le premier grand coup porté contre les Farc depuis le 15 avril”, a déclaré une source du ministère de la Défense. Cette dernière a requis l’anonymat.

Artisan de négociations de paix avec les Farc, délocalisées depuis novembre 2012 à La Havane, le chef de l’Etat avait décidé de reprendre les bombardements militaires après une embuscade de la rébellion. Celle-ci avait coûté la vie à onze militaires.

“Signal problématique”

“L’offensive se maintient jusqu’à ce que l’on parvienne à la paix qui sera conclue, espérons-le, le plus tôt possible”, a réagi M. Santos. Il s’est exprimé dans un message posté sur son compte Twitter.

Les discussions à La Havane réunissent les délégations du gouvernement de Bogota et des Farc. Ce raid “envoie un signal problématique, pour ne pas dire contradictoire, au moment où l’on attend plus de progrès pour une désescalade”, a estimé Christian Voelkel, représentant en Colombie de l’ONG Crisis Group International, spécialisée dans la résolution des conflits.

Conflit meurtrier

La politologue colombienne Laura Gil a également pronostiqué “une crise dont nous sortirons”. Il estime qu’il y aura “probablement une nouvelle flambée de violence”.

Fondées en 1964, les Farc sont la plus vieille guérilla du continent et compte selon les autorités environ 8000 combattants. Ils négocient avec le gouvernement colombien à Cuba depuis novembre 2012 pour mettre fin à un conflit ayant fait plus de 220’000 morts et disparus ainsi que 5,5 millions de déplacés.

Réforme rurale

Cette rébellion a instauré une trêve illimitée depuis décembre, mais se réserve le droit de répliquer aux offensives de l’armée. De son côté, le gouvernement exclut tout armistice avant la signature d’un accord de paix définitif.

Les négociations ont déjà abouti à des accords partiels sur un projet de réforme rurale, la coopération pour la lutte antidrogue et la participation des ex-guérilleros à la vie politique. Elles doivent encore trancher la question des indemnisations pour les victimes, celle de la restitution des armes et les modalités d’un éventuel référendum.

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