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Chine: 26 nouveaux décès dus au coronavirus dans le Hubei

Soucieuse d'endiguer l'épidémie, la Chine a recommandé à ses citoyens de "reporter" leurs voyages "sans nécessité" hors de ses frontières, après avoir déjà suspendu les voyages en groupe. Ici dans un centre médical à Wuhan. KEYSTONE/AP/MAS sda-ats

(Keystone-ATS) Vingt-six décès supplémentaires dus au nouveau coronavirus ont été enregistrés en Chine, portant à 132 morts le bilan total de la maladie. Le nombre de personnes infectées s’établit mercredi à 5974 dans le pays, selon les derniers chiffres des autorités sanitaires.

Plus de 9000 cas suspects de contamination sont par ailleurs en cours d’examen, a-t-on aussi précisé de même source. Le nombre de cas avérés dépasse désormais celui de l’épidémie de Sras en Chine en 2002-2003.

Le Sras (Syndrome respiratoire aigu sévère), également un coronavirus, avait pour sa part infecté 5327 personnes en Chine continentale, et provoqué 349 morts dans le pays. A l’échelle mondiale, selon l’OMS, l’épidémie de Sras avait fait 774 morts sur 8096 cas en 2002-2003 avant d’être jugulée.

Apparu à Wuhan (centre de la Chine) en décembre, le nouveau virus, comme le Sras, se transmet entre humains et se traduit par de graves troubles respiratoires. Ce virus, baptisé 2019-nCoV, et celui du Sras appartiennent à la même famille des coronavirus, et ont 80% de similitudes sur le plan génétique. Le 2019-nCoV est cependant jugé moins “puissant” et plus contagieux.

“A ce que nous voyons à présent, cette maladie n’est (…) pas aussi puissante que le Sras”, a déclaré dimanche devant la presse Gao Fu, responsable du Centre chinois de contrôle et prévention des maladies.

Mortalité “nettement inférieure”

En revanche, le nouveau virus a une période d’incubation pouvant aller jusqu’à deux semaines et “la contagion est possible durant la période d’incubation”, avant même que n’apparaissent des symptômes, “ce qui est aussi très différent du Sras”, a noté Ma Xiaowei, patron de la Commission nationale de la Santé (CNS).

Selon l’OMS, le Sras avait atteint un taux de mortalité de 9,5% (contre 34,5% pour la seule autre épidémie provoquée par un coronavirus, le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient, ou Mers, apparu en 2012 dans la Péninsule arabique). Celui du nouveau coronavirus se situerait bien en deçà.

Même si, de l’avis des experts, les données ne sont encore qu’indicatives, faute de connaître exactement le nombre réel de personnes infectées– puisque des patients n’ayant que peu, voire pas, de symptômes n’ont vraisemblablement pas été détectés.

Un pic “dans une semaine”

L’épidémie pourrait atteindre son pic “dans une semaine ou 10 jours” avant de refluer, a estimé Zhong Nanshan, un des meilleurs spécialistes chinois des maladies respiratoires.

Les chercheurs des Instituts nationaux de santé américains (NIH) ont de leur côté lancé la mise au point d’un vaccin contre le nouveau coronavirus, un travail qui prendra plusieurs mois, a annoncé mardi Anthony Fauci, le directeur de l’Institut national des maladies infectieuses. “Nous envisageons le pire des scénarios”, celui d'”une plus grande épidémie”, a-t-il ajouté.

Des scientifiques de l’Institut Doherty de Melbourne, en Australie, ont annoncé être parvenus à répliquer en laboratoire le coronavirus, ce qu’ils ont décrit comme un pas en avant crucial dans la lutte contre l’épidémie.

Rapatriements en cours

Deux premiers avions rapatriant des ressortissants étrangers ont décollé mercredi de Wuhan à destination du Japon et des Etats-Unis, alors que se propage l’épidémie de pneumonie virale apparue dans cette ville du centre de la Chine qui a déjà fait plus de cent morts et dont les cas se multiplient jusqu’en Europe.

La France rapatriera ses ressortissants “probablement vendredi”. Ces personnes seront soumises à une quarantaine de 14 jours à leur retour, a précisé la ministre française de la Santé, Agnès Buzyn. La Commission européenne a indiqué qu’un deuxième avion décollerait “plus tard dans la semaine” pour au total rapatrier au moins 350 Européens.

Trois cas en Allemagne, 4 en France

Trois cas supplémentaires d’infection par le virus 2019-nCoV ont été annoncés mardi soir en Bavière, dans le sud-ouest de l’Allemagne, des employés de la même entreprise où avait été identifié un premier cas dans la matinée. Les autorités sanitaires locales avaient précisé que ce premier malade avait été contaminé par une autre personne sur le sol allemand même, ce qui représente la première transmission du virus identifiée sur le sol européen.

Les autorités françaises avaient auparavant fait état mardi d’un quatrième malade du nouveau coronavirus dans le pays, un touriste chinois âgé, originaire de la province du Hubei et qui se trouvait dans un “état clinique sévère” dans un hôpital parisien. Un cas de transmission a également été identifié au Japon, celui d’un sexagénaire nippon qui ne s’était jamais rendu en Chine mais avait véhiculé des touristes en provenance de Wuhan.

Soucieuse d’endiguer l’épidémie, la Chine a recommandé à ses citoyens de “reporter” leurs voyages “sans nécessité” hors de ses frontières, après avoir déjà suspendu les voyages en groupe.

A l’étranger, de nombreux pays ou territoires renforcent les mesures de précaution : Hong Kong a annoncé réduire de moitié les vols en provenance de Chine continentale, tout en fermant six des 14 points de passage frontaliers. L’Allemagne et les Etats-Unis ont été lundi les premiers Etats à déconseiller tout voyage en Chine et plus seulement dans le seul Hubei. Le Royaume-Uni a adopté la même recommandation mardi.

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