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La Suisse veut défense sa place financière de manière offensive

Dans la nouvelle stratégie du gouvernement, le Département des finances d'Ueli Maurer devra assumer un rôle plus concret dans la promotion de la place financière. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) La compétitivité de la place financière doit être renforcée de manière offensive. Le Conseil fédéral a adopté les axes stratégiques de sa future politique en matière de marchés financiers. Selon Ueli Maurer, l’époque de l’approche défensive est close.

Dans un monde globalisé, le marché financier helvétique doit évoluer très, très vite. Ses acteurs ont par exemple dû s’adapter sous la pression internationale à “une fin du secret bancaire que nous avions crue impensable il y a peu”, a rappelé jeudi le ministre des finances devant la presse.

La Suisse avait dit qu’elle ne céderait que si les autres pays adoptaient les mêmes standards et tout le monde l’a fait entretemps. Son le grand argentier, le pays a donc atteint ses objectifs. Il est temps de passer à l’offensive pour un secteur qui emploie plus de 200’000 personnes et crée plus de 60 milliards de francs de valeur.

L’attrait d’une place financière se mesure différemment désormais. Elle doit être propre, mais encore disposer d’un système politique stable, de finances saines, d’un bon système de formation et de la reconnaissance internationale, a expliqué M. Maurer. La Suisse fait déjà partie des meilleures du monde, mais elle doit faire des efforts pour le demeurer.

Faciliter l’innovation

La place financière doit affronter la révolution technologique de la numérisation. Un des buts de la stratégie du Conseil fédéral est donc de permettre l’innovation. Le cadre légal doit être modifié afin de réduire les obstacles qui empêchent l’accès au marché des entreprises opérant dans le domaine de la technologie financière.

Pas question de faire de la politique industrielle avec des subventions, a précisé le Secrétaire d’Etat aux questions financières internationales Jörg Gasser. Mais les nouveaux acteurs pourraient bénéficier d’un espace où une licence bancaire ne serait pas nécessaire ou avec une réglementation allégée.

Pour M. Gasser, il n’est pas trop tard et la Suisse pourra légiférer sans pression car il n’existe aucune règle internationale pour l’instant. Les nouveaux acteurs développent par exemple des systèmes de paiement mobile ou créent des plateformes Internet de financement participatif.

Accès aux marchés étrangers

Le Conseil fédéral continue par ailleurs de viser dans sa stratégie le maintien et l’amélioration de l’accès aux marchés étrangers. Pour l’UE, cela passe par la reconnaissance de l’équivalence de la réglementation suisse dans les domaines économiques importants.

Sont notamment concernés les fonds, les services destinés aux investisseurs professionnels, les plateformes de négociation et le négoce de dérivés. Selon Ueli Maurer, la conclusion d’un accord global sur les services financiers avec l’UE ne se fera peut-être jamais à moins que Bruxelles ne revoie ses exigences à la baisse.

“Mais l’UE ne veut rien lâcher car la Suisse est son plus grand concurrent, Grande-Bretagne mise à part.” Il est trop tôt pour évaluer les conséquences du Brexit sur la Suisse. La gestion des actifs et la banque d’investissement devraient rester des activités traditionnelles de la place financière de Londres, mais la Suisse pourrait développer sa gestion de fortune transfrontalière.

Le Conseil fédéral mise en troisième lieu sur une optimisation des contenus de la réglementation et la réalisation de réformes en concertation avec la branche. L’impact économique des projets doit être analysé tout au long du processus, voire a posteriori de manière indépendante.

Limiter les risques

Quatrième but visé: la limitation des risques que font peser sur l’économie les banques dites trop grandes pour faire faillite (“too big to fail”). Grâce à la réforme de 2012 et au durcissement des exigences en matière de fonds propres depuis juillet 2016, les risques ont toutefois diminué et la surveillance peut se concentrer sur l’application systématique des dispositions.

Le Conseil fédéral tient enfin à garantir la conformité en matière de fiscalité et de blanchiment d’argent. La Suisse soutient sans réserve les efforts internationaux et passera à l’échange automatique de données fiscales avec des partenaires importants en 2018. Elle veut continuer à s’engager pour que les standards minimaux soient respectés partout.

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