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Des rivières d’eau coulent sur la calotte glaciaire du Groenland

(Keystone-ATS) Une nouvelle étude à laquelle l’université de Zurich a pris part montre que la calotte glaciaire du Groenland ne peut pas stocker autant d’eau que ne le pensaient les scientifiques. Le changement climatique modifie la structure de la calotte glaciaire.

L’étude menée par des chercheurs du Danemark, des Etats-Unis et de l’Université de Zurich sur la calotte glaciaire du Groenland rapporte des découvertes étonnantes, a communiqué l’université de Zurich. Les résultats ont été publiés dans le journal scientifique “Nature Climate Change”.

Les scientifiques ont analysé le névé, une couche poreuse de neige compactée. Il se forme sous la surface de la calotte glaciaire et, avec le temps, se transforme en glace. Cette couche peut atteindre jusqu’à 80 mètres d’épaisseur. Elle retiendrait entre 30 et 40% de l’eau de fonte qui s’infiltre dans la calotte, limitant la perte de masse du Groenland.

Mais “nos recherches ont montré que le névé réagit rapidement au changement climatique”, a indiqué Horst Machguth de l’Université de Zurich. Les chercheurs ont constaté que le névé absorbait moins d’eau de fonte que ce qu’ils pensaient. Celle-ci s’écoule directement vers les océans au lieu de se mélanger au névé et de se transformer en glace.

Comme une éponge

Des études précédentes ont montré que le névé fonctionnait comme une éponge. Il absorbe l’eau de fonte qui s’infiltre de la surface en formant des lentilles de glace.

L’été 2015 était particulièrement chaud au Groenland et la fonte importante. Les chercheurs autour de M. Machguth ont voulu savoir comment se comportait le névé avec le changement climatique. Ils ont réalisé des forages jusqu’à 20 mètres de profondeur sur des emplacements où d’autres prélèvements avaient été faits il y a quinze à vingt ans.

En comparant les anciennes et les nouvelles carottes, les chercheurs ont constaté que les fontes des dernières années avaient réellement modifié la structure du névé. Les changements observés entre 2012 et 2015 ont surpris les scientifiques.

Un “couvercle” de plusieurs mètres

Dans les zones de basse altitude, suite à la fonte record de 2012, les lentilles de glace se sont agglomérées pour former une couche de glace épaisse de plusieurs mètres. Cette couche de glace repose comme un couvercle sur le névé poreux.

L’eau ne peut en conséquence plus s’infiltrer dans la couche poreuse. Elle forme des rivières à la surface et s’écoule vers les bords de la calotte glaciaire. Ce phénomène pourrait intensifier la perte de masse de la calotte, craignent les scientifiques.

On peut suivre cette couche de glace sur plusieurs dizaines de kilomètres grâce à un radar, indique l’université de Zurich. Mais son étendue totale est inconnue actuellement. Les chercheurs ne peuvent pas encore estimer dans quelle proportion ce couvercle glacé contribue à la perte de la masse de la calotte.

Un effet similaire a déjà été observé avec le névé de l’arctique Canadien. Cela laisse penser que le phénomène pourrait être plus répandu.

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