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Doris Leuthard prône une ouverture complète du marché

Le marché de l'électricité doit être ouvert aux petits clients, a déclaré la conseillère fédérale en charge de l'énergie Doris Leuthard en marge du 12e Congrès suisse de l'électricité qui se tient lundi et mardi à Berne (photo symbolique). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Le marché de l’électricité doit être ouvert aux petits clients. La conseillère fédérale en charge de l’énergie Doris Leuthard ne veut pas attendre l’accord avec l’UE, a-t-elle déclaré en marge du 12e Congrès suisse de l’électricité qui se tient lundi et mardi à Berne.

L’objectif est le renforcement du marché intérieur et l’intégration dans les marchés de l’électricité environnants, a dit la ministre lundi devant les représentants de l’industrie. Son ouverture complète sera ainsi prise en compte dans les travaux en cours sur une nouvelle conception du marché de l’électricité.

Le Conseil fédéral dévoilera le projet de loi avant la fin de l’année et le mettra en consultation. Le gouvernement mène actuellement des discussions avec la branche, selon Mme Leuthard. Des distorsions du marché doivent autant que possible être évitées, d’après elle, et il n’est pas prévu de soutenir certaines technologies en particulier.

Le Conseil fédéral veut plutôt adopter un règlement pour une réserve stratégique afin d’assurer la sécurité de l’approvisionnement. Celle-ci est cependant garantie, à moyen et à long terme, a assuré la ministre.

Libéralisation partielle

Le gouvernement avait déjà exprimé en décembre sa volonté de libéraliser le marché de l’électricité. Depuis 2009, les gros consommateurs peuvent choisir leur fournisseur d’électricité sur le marché libre. Les autres, soit les ménages et les petites et moyennes entreprises (PME), n’ont pas ce choix.

Selon la commission de l’énergie du National, cette libéralisation partielle se répercute toujours plus négativement sur l’ensemble du marché de l’électricité et cause une répartition inégale des charges. Dans un marché libéralisé, les signaux de prix correspondraient à la réalité, ce qui faciliterait un développement efficace de l’approvisionnement en électricité.

Secteur électrique en pleine mutation

Le monde électrique est en pleine mutation: aujourd’hui, l’innovation, la numérisation, les nouveaux champs d’application et les besoins des clients changent radicalement la donne. Le secteur verra arriver de nouveaux acteurs, devra s’adapter à de nouveaux dispositifs de stockage et intégrer une production décentralisée.

Pourtant, “nous aurons besoin encore longtemps du monde électrique traditionnel doté de l’infrastructure de production et de réseau centralisée”, a déclaré Michael Wider, président de l’Association des entreprises électriques suisses (AES) en ouverture du congrès. Plus de 400 représentants de la branche participent à ce rendez-vous annuel de deux jours.

Perte de recettes

L’interdépendance entre les deux systèmes, centralisé et décentralisé, sera déterminante. Si le nombre d’heures d’utilisation est appelé à diminuer, la fiabilité des installations gagnera en importance. Il faudra ainsi compter avec des recettes inférieures et des coûts d’exploitation identiques.

“Quoi qu’il en soit, à terme, nous n’avons pas les moyens de posséder deux univers électriques en parallèle”, a souligné le président de l’AES. Pour lui, l’Allemagne en est une parfaite illustration: les ménages paient aujourd’hui 29 centimes par kWh, contre 13 centimes par kWh en 2000.

Pour le président de l’AES, les jalons politiques de la Stratégie énergétiques 2050 sont déjà posés et vont dans le bon sens. L’encouragement à la production de courant vert, via la RPC, prendra fin en 2022. La recommandation relative au montant de la redevance hydraulique a été fixée. Pour le secteur, le Conseil fédéral doit surtout éviter toute solution isolée qui mènerait à un “patchwork non rentable”.

Discuter avec l’Europe

Il faut en particulier chercher ces prochains mois des solutions avec l’Europe “avec ou sans accord institutionnel, avec ou sans accord sur l’électricité”, selon M. Wider. Mais le paysage électrique dans l’espace européen est très disparate. Le secteur fonctionne avec plus de 100 mécanismes de gestion et de soutien de l’offre et de la demande.

La conception entière du marché de l’électricité est à redéfinir au cours des prochaines années. Sans pour autant freiner l’innovation et la gestion durable, il convient de fixer de nouveaux rôles et règles déterminant l’interaction entre tous les protagonistes.

D’après le président de l’AES, la situation en Suisse est de bon augure pour affronter les défis à venir: “95% de notre portefeuille de production est exempt de CO2 et 60% sont renouvelables grâce notamment à l’hydraulique. Et cette part de renouvelable a été atteinte sans le moindre soutien de l’Etat, à l’exception de la RPC”.

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