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Election présidentielle et scrutin test au Ghana

Le président sortant John Mahama a voté à Bole, sa ville d'origine. Il a déclaré être "fier" de son bilan. KEYSTONE/AP/SUNDAY ALAMBA sda-ats

(Keystone-ATS) Les bureaux de vote pour les élections présidentielle et législatives ont fermé mercredi soir au Ghana. Les résultats sont attendus dès jeudi soir. Ce scrutin a valeur de test dans un pays à l’économie en perte de vitesse et malmené par des scandales de corruption.

Dans une majorité de bureaux de vote de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, les bureaux de vote ont fermé à 18h00 (heure en Suisse), sous la surveillance de policiers. Quelque 15 millions d’inscrits étaient appelés à élire leur prochain président pour un mandat de quatre ans ainsi que leurs 275 députés.

A Jamestown, un quartier de la capitale Accra, près de 30 personnes comptaient le nombre d’empreintes de pouces attestant du vote d’électeurs. “Jusqu’ici, cette phase du processus (électoral) se déroule dans le calme”, a commenté Christopher Fomunyoh, observateur accrédité, et directeur régional d’une ONG américaine.

Sept candidats étaient en lice pour la présidentielle, dont une ex-première dame, Nana Konadu Agyeman-Rawlings. Mais la bataille se joue entre les rivaux historiques: le président sortant John Mahama (Congrès national démocratique – NDC) et le leader du NPP (Nouveau parti patriotique), Nana Akufo-Addo. Si aucun des deux principaux candidats ne remporte plus de 50 % des voix, un second tour aura lieu courant décembre.

“Leader incorruptible”

M. Akufo-Addo est apparu décontracté mercredi matin lors de son vote dans sa ville de Kibi, à deux heures de route au nord d’Accra. Il a souligné qu’il était “très important que le processus électoral se déroule avec efficacité et de manière pacifique, pour que le Ghana garde sa réputation de défenseur de la démocratie” en Afrique.

Pour ses partisans, l’image de l’opposant est celle d’un “leader incorruptible”. Ils espèrent qu’il pourra remettre l’économie d’aplomb pour entrer en compétition avec la Côte d’Ivoire, voisin en plein regain de croissance.

Président sortant “très confiant”

Une foule s’était massée mercredi matin à Bole (nord) pour accueillir le président dans sa ville d’origine. M. Mahama a déclaré se “sentir très confiant” quant aux résultats du scrutin et “fier” de son bilan, n’ayant “aucun regret”.

“Apporter l’eau courante dans un village et changer ainsi les vies de ceux qui y vivent est aussi important pour moi que de construire l’échangeur autoroutier Kwame Nkrumah” à Accra. Il s’est exprimé après avoir déposé son bulletin dans l’urne, sous les yeux des observateurs de la Cédéao, l’organisation régionale d’Afrique de l’Ouest.

Ralentissement économique

M. Mahama, 58 ans, peut se féliciter d’avoir instauré une discipline fiscale. Toutefois, son mandat a été entaché par un ralentissement économique (3,3 % en 2016), dû à la chute des cours des matières premières dont le Ghana est fortement dépendant (or, cacao, pétrole, notamment), et à des scandales de corruption au sein de l’administration.

M. Akufo-Addo, 72 ans, qui se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême, juge que ce scrutin est un “moment charnière” pour le Ghana.

Tensions et violences

La campagne électorale a été marquée par des tensions et des violences. Un partisan du NPP a été tué lundi dans des heurts en marge d’un meeting.

Lors des dernières élections de 2012, les deux mêmes candidats principaux s’étaient affrontés. Le président Mahama avait remporté le scrutin de peu, avec 50,7% des voix contre 47,7% pour M. Akufo-Addo qui avait contesté en vain les résultats devant la Cour constitutionnelle. Il a récemment déclaré qu’il n’excluait pas de retourner vers la justice s’il perdait ce scrutin.

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