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Il y a 150 ans, le Bâlois Friedrich Miescher découvrait l’ADN

Né dans une famille de médecins, Friedrich Miescher a occupé la chaire de physiologie de l'Université de Bâle. Wikimedia Commons sda-ats

(Keystone-ATS) Il y a 150 ans, le chercheur bâlois Johann Friedrich Miescher (1844-1895) découvrait l’ADN. C’est notamment en analysant des cellules de saumons du Rhin que ce précurseur de la biologie moléculaire moderne a identifié la substance porteuse du code génétique.

La mise au jour de l’acide désoxyribonucléique (ADN), d’abord nommé “nucléine” par le chercheur, était révolutionnaire pour l’époque. Le chimiste Felix Hoppe-Seyler, qui avait dirigé les travaux de M. Miescher à Tübingen (D), n’y croyait pas lui-même. Le manuscrit de la découverte, rédigé en 1869, ne fut publié que deux ans plus tard, après une nouvelle vérification.

Né dans une famille de médecins, Friedrich Miescher a obtenu son diplôme de médecine à Bâle en 1868. En 1872, il est nommé premier professeur ordinaire de la chaire de physiologie de l’Université de Bâle, que son père avait précédemment occupée.

Toute sa vie, il s’est concentré sur la composition chimique des oeufs et du noyau de la cellule. Il s’est tout particulièrement intéressé à la maturation sexuelle des saumons du Rhin.

Sperme de saumon

Pour parvenir à ses fins, le chercheur a disséqué et analysé tout d’abord des leucocytes (globules blancs) dans du pus, puis des oeufs de poule, et enfin des oeufs et du sperme de saumon, dont le noyau est particulièrement riche en acides nucléiques.

A l’époque, on considérait que les protéines étaient le principal composant des cellules. C’est en analysant les différents types de protéines que Friedrich Miescher est tombé sur une substance inconnue acide et riche en phosphate, dont les propriétés chimiques ne correspondaient pas à celles des protéines.

Comme on ne la trouvait que dans le noyau cellulaire, il l’a baptisée “nucléine”. Il a par la suite montré qu’elle est présente non seulement dans les leucocytes mais également dans d’autres cellules.

Double hélice

En isolant l’ADN, Friedrich Miescher a établi les bases d’une révolution qui a mis du temps à déployer ses effets. Ce n’est qu’en 1944 que les Américains Oswald Avery, Maclyn McCarty et Colin MacLeod montrent que l’ADN – et non des protéines comme on le supposait jusque-là – est porteur de l’information héréditaire.

En 1953, James Watson et Francis Crick, en se basant sur des données de Rosalind Franklin et Maurice Wilkins, décrivent la structure en double hélice de l’ADN. Ce n’est que dans les décennies suivantes que les scientifiques développeront des méthodes pour déchiffrer les différents composants du “code” génétique.

Bien que Miescher ait été à la base de cette évolution, il est beaucoup moins connu que Crick et Watson, par exemple. A Tübingen, un laboratoire porte toutefois son nom, et à Bâle, l’Institut Friedrich Miescher (FMI) également. Tous deux ont été créés environ un siècle après sa découverte.

Neuf publications

Au cours de sa vie, le biologiste a également réussi à isoler une nouvelle catégorie de substance biologique, les protamines, découvrant un nouveau modèle de base de protéines. Il s’est montré avare de publications, neuf au total. Nombre de ses idées novatrices ne figurent que dans des lettres à des amis et collègues, lit-on sur le site internet du FMI.

Les recherches du Bâlois ont eu lieu dans des conditions difficiles. Fragile et délicat, l’ADN ne pouvait être manipulé que dans un environnement strict: les travaux avaient lieu dans des locaux non chauffés, par des températures approchant zéro degré.

De constitution fragile, Friedrich Miescher contracta le typhus, puis la tuberculose. Il est mort le 26 août 1895 dans un sanatorium de Davos (GR) à l’âge de 51 ans.

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