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Inde et Chine mettent fin à une confrontation dans l’Himalaya

La télévision chinoise CCTV avait montré début août des exercices de soldats chinois près de la frontière indienne (archives). KEYSTONE/CCTV via AP Video/ANONYMOUS sda-ats

(Keystone-ATS) L’Inde et la Chine sont convenues de réduire rapidement leurs forces dans une zone frontalière de l’Himalaya, a annoncé lundi le ministère indien des Affaires étrangères. Les soldats des deux pays s’y font face depuis plus de deux mois.

Cette décision a été prise alors que le Premier ministre indien, Narendra Modi, prévoit de se rendre en Chine le mois prochain pour un sommet du groupe des BRICS, qui inclut aussi le Brésil, la Russie et l’Afrique du Sud.

La confrontation commencée en juin sur le plateau de Doklam est la plus grave et la plus longue depuis des décennies entre l’Inde et la Chine. Ces deux pays ne sont jamais parvenus à s’entendre sur le tracé exact de leur frontière longue de 3500 km dans cette région himalayenne.

Patrouilles chinoises maintenues

Le gouvernement indien a déclaré lundi que les deux pays s’étaient entendus pour régler cette crise par la voie diplomatique. “Sur cette base, un désengagement expéditif du personnel frontalier sur le site de la confrontation à Doklam a été convenu et est en cours”, écrit le ministère indien des Affaires externes dans un communiqué.

Dans un deuxième communiqué, New Delhi a précisé que ce retrait portait aussi bien sur les troupes indiennes que chinoises.

Pékin n’a pour sa part mentionné que le retrait des militaires indiens et déclaré que les “troupes chinoises poursuivent leurs patrouilles du côté chinois de la frontière”.

“Frontière historique”

“La Chine continuera d’exercer ses droits souverains pour préserver sa souveraineté territoriale conformément aux règles relatives à la frontière historique”, a-t-elle dit.

“La Chine espère que l’Inde respectera la frontière historique et oeuvrera avec la Chine à la préservation de la paix le long de la frontière sur la base du respect mutuel de la souveraineté de chacun.”

Le Doklam est un territoire isolé et inhabité revendiqué à la fois par la Chine et par le Bhoutan, allié de l’Inde. Cette dernière a déployé des troupes dans le secteur en juin pour entraver la construction d’une route par la Chine. Soldats indiens et chinois se faisaient face depuis sur ce plateau montagneux, qui assure la jonction entre les territoires indiens, chinois et bhoutanais.

Interprétations divergentes

L’Inde a dit agir ainsi en raison de l’activité militaire chinoise dans cette région, qu’elle perçoit comme une menace contre son propre territoire. La Chine a exigé depuis de manière répétée que l’Inde se retire unilatéralement du secteur de Doklam.

La Chine soutient que la construction de la route se déroule sur son territoire, mais l’Inde et le Bhoutan contestent cette revendication. New Delhi et Thimphou estiment que les travaux se situent en sol bhoutanais.

“Cou de poulet”

Au-delà de la question de la souveraineté de la zone, une militarisation du plateau du Doklam par la Chine pose un problème stratégique à l’Inde.

En effet, la hauteur n’est située qu’à quelques dizaines de kilomètres du corridor de Siliguri, une étroite bande de terre surnommée “cou de poulet” qui est la seule jonction territoriale pour New Delhi entre les plaines du nord et ses États du nord-est et constitue donc un point vulnérable sur le plan militaire.

Autres contentieux territoriaux

L’Inde et la Chine ont deux contentieux territoriaux majeurs. Paradoxalement, le secteur du Doklam n’en fait pas partie et était l’objet d’un certain consensus.

Dans le nord, au niveau du Ladakh, l’Inde revendique la région de l’Aksaï Chin contrôlée par le Chine. À l’est, Pékin ne reconnaît pas la souveraineté de l’Inde sur l’Arunachal Pradesh car elle le considère comme une partie du Sud-Tibet.

Mi août, soldats indiens et chinois se sont accrochés au Ladakh au cours d’un nouvel incident frontalier en altitude. Une vidéo diffusée sur internet les montrait se bagarrant à coups de pierres.

L’Inde et la Chine se sont déjà affrontées dans une guerre-éclair en 1962, qui avait vu les soldats indiens humiliés par les troupes chinoises.

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