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L’acteur et comédien suisse Bruno Ganz est décédé à l’âge de 77 ans

L'acteur Bruno Ganz est décédé samedi chez lui à Zurich (archives). KEYSTONE/EPA/BRITTA PEDERSEN / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) L’acteur Bruno Ganz, décédé samedi à 77 ans, restera dans l’histoire du cinéma mondial comme l’acteur du rôle d’Hitler dans le film “La Chute”. Alain Berset salue le comédien: “Il ne jouait pas ses rôles, il les incarnait.”

Bruno Ganz est décédé d’un cancer chez lui à Zurich, a indiqué son agente Patricia Baumbauer. “Il est mort aux premières heures du matin, entouré de sa famille”. Jusqu’à la fin, Bruno a travaillé à ses projets avec plaisir et intensité”, a-t-elle souligné.

L’acteur a joué dans de nombreux films et productions théâtrales. Sa notoriété a grimpé d’un cran quand il a incarné Adolf Hitler dans “La chute”, un film, nommé aux Oscars et sorti en 2004, qui relate les derniers jours du dictateur nazi.

Revenant sur ce film, Bruno Ganz avait déclaré qu’il devait après chaque jour de tournage, “construire un mur ou un rideau de fer” dans sa tête. “Je ne voulais pas passer mes soirées à l’hôtel avec M. Hitler à mon côté”.

“Même dans les rôles des méchants, Bruno Ganz arrivait à faire transparaître une humanité. C’est ce qui rend toute une partie de son œuvre si forte et si troublante. Il ne jouait pas ses rôles, il les incarnait. Il a vécu une vie d’une intensité rare”, a écrit le conseiller fédéral Alain Berset à Keystone-ATS.

La mauvaise nouvelle est tombée l’été dernier pour Bruno Ganz. Les médecins ont décelé un cancer de l’intestin. Il aurait dû jouer le rôle de l’orateur dans l’opéra de Mozart “La Flûte enchantée” au Festival de Salzbourg. Mais cela n’a pas été possible: Klaus Maria Brandauer a dû le remplacer.

“Les ailes du désir”

Le Zurichois est un des plus importants acteurs de langue allemande. Maintes fois primé, il s’est fait connaître du grand public dès le milieu des années 1970 en interprétant plusieurs rôles au cinéma, notamment dans “L’Ami américain” et “Les Ailes du désir” de Wim Wenders.

En Suisse, Bruno Ganz a été récompensé en 2017 du Quartz du meilleur acteur pour son incarnation d’Arthur Bloch dans “Un Juif pour l’exemple”, de Jacob Berger, d’après le roman éponyme de Jacques Chessex. Il a aussi reçu à cette occasion le Prix d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre.

En 2015, il a incarné le grand-père de l’héroïne suisse dans “Heidi”, réalisé par Alain Gsponers. La dernière fois qu’il a foulé les planches remonte à 2012.

Il a continué à jouer devant la caméra. La dernière fois, c’était pour le film de Lars von Triers “The House That Jack Built” (2018)

Prestations exceptionnelles

En 1991, il joue dans “Sázka – Die Wette” de Martin Walz, aux côtés d’Otto Šimánek. Il remporte en 2010 le European Film Academy Lifetime Achievement Award. Prisé du grand public aussi bien sur le plan international que national, Bruno Ganz a joué dans plusieurs films récompensés par le Prix du cinéma suisse.

En 2000, il a tourné avec Silvio Soldini “Pane e tulipani”, pour lequel il obtient l’année d’après le Prix du cinéma suisse pour la meilleure interprétation masculine. En 2006, il joue dans “Vitus” de Fredi M. Murer, désigné meilleur film de fiction au Prix du cinéma suisse 2007.

On l’a aussi vu dans La Provinciale” de Claude Goretta (1980) et “Dans la ville blanche” (1983) d’Alain Tanner. Bruno Ganz, qui a arrêté de boire à l’âge de 60 ans, aimait son parcours, mais regrette ses excès avec l’alcool. “Je suis heureux que les personnes proches de moi ne devaient plus être confrontées à l’ivrogne Bruno Ganz.”

Né en 1941 dans une famille ouvrière d’un père suisse et d’une mère italienne, Bruno Ganz avait décidé de quitter l’école très tôt pour devenir acteur. Enchaînant les petits boulots de vendeur en librairie et d’ambulancier pour survivre, il était parti tenter sa chance en Allemagne au début des années 1960.

“Icône du théâtre germanophone”

A l’annonce de son décès, les hommages ont afflué. La secrétaire d’Etat allemande à la Culture, Monika Grütters (CDU), a qualifié Bruno Ganz d'”icône du théâtre germanophone” et de “maître exceptionnel de l’art dramatique international”.

Le directeur du festival du film de Berlin, Dieter Kosslick, a également rendu hommage à l’acteur suisse en rappelant son rôle dans “Les Ailes du désir”, dont le titre original en allemand signifie “Le ciel au-dessus de Berlin”. “J’ai le sentiment que rien ne doit l’empêcher à présent de rejoindre le ciel au-dessus de Berlin”, a-t-il dit.

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