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L’armée suisse revoit sa régulation vis-à-vis des éoliennes

L'armée présente une nouvelle étude sur les éoliennes qui inquiète les partisans de cette énergie renouvelable KEYSTONE/LEO DUPERREX sda-ats

(Keystone-ATS) L’armée suisse reconsidère son règlement envers les éoliennes. Elle a présenté vendredi à Payerne VD une nouvelle étude qui remplace “la zone spéciale” de 20 km contre les hélices autour de la base. Le canton de Vaud et Suisse Eole ne cachent pas leur mécontentement.

“Les éoliennes, c’est un dossier délicat, et le Département de la défense (DDPS) a souvent dû donner des préavis négatifs, notamment dans le canton de Vaud”, a indiqué Bruno Locher, chef territoire et environnement au DDPS. A cause des tensions sur ce sujet, l’armée prône maintenant “la transparence” et va publier l’étude que ses spécialistes ont réalisée.

Armée prudente

La recherche aboutit à des zones rouges et jaunes, les premières ayant un impact fortement négatif sur la cohabitation entre radars, avions de chasse et éoliennes, les secondes nettement moins. Souhaitant savoir quels impacts sur quels projets de parcs d’éoliennes aurait cette décision, la presse n’a pas obtenu de réponse.

Message principal: l’étude n’a pas force de loi, “la porte reste ouverte, elle n’est pas fermée” et les discussions vont commencer entre les différentes parties, selon Bruno Locher. La nouvelle étude donne des appréciations “plus nuancées” qui seront soumises à des arbitrages, a-t-il insisté, en se gardant de toutes précisions.

Communication nuancée

Dans son intervention, le responsable s’est montré moins catégorique que ce que l’on peut lire dans un résumé de l’étude. En rouge, il est question de zones qui rendent “impossible tout projet éolien”.

Pour les radars militaires, la rotation des éoliennes représente notamment “une signature” difficile à interpréter avec certitude. Contrairement à ceux de Skyguide, ils doivent connaître aussi ce qui se passe au sol, dans des configurations très restreintes.

Alarmant, selon Vaud

Pour les surfaces “en orange”, l’étude parle de “zones sujettes à réserve” et nécessitant des analyses en profondeur. La nouvelle carte “remplace” la règle des 20 km et offre “une base d’évaluation différenciée” pour la planification à venir. “L’objectif est d’aider les promoteurs de parcs éoliens”, assure l’armée.

Interrogé par l’ats, le canton de Vaud ne goûte guère la nouvelle étude du DDPS. Il la fera analyser de manière approfondie par ses services. A première vue, cela paraît “alarmant” pour la planification éolienne vaudoise, note le Département du territoire et de l’environnement (DTE).

Planification menacée

Si l’on suit la nouvelle étude du DDPS, “la moitié” de cette planification est touchée. Un quart du parc éolien de Provence, la moitié de Tous-Vents et l’intégralité de Vaudair sont à exclure. De la sorte, 112 GWh ne pourraient pas être produits, soit la consommation de 25’000 ménages.

Des parcs éoliens devraient être en outre analysés en détail, dont certains qui en sont déjà au stade des recours devant la justice. Le canton de Vaud mentionne EolJorat Nord, EolJorat Sud, Bottens (en arrêt), Chavanne-sur-Moudon (en arrêt), Grandsonnaz, Grandevent et Vuarrens.

Fribourg touché

Dans un communiqué, Suisse Eole exprime son mécontentement après la présentation de l’étude de l’armée. L’association relève que la planification éolienne fribourgeoise sera à réévaluer avec presque l’entier des secteurs dans des zones sujettes à réserves ou en zones d’exclusion. Neuchâtel et Berne sont aussi touchés.

Suisse Eole dénonce “un manque de coordination total”. Cette étude “met en cause des sites en phase de développement avancé dont certains ont déjà reçu des préavis positifs du DDPS et de l’Office fédéral de l’aviation civile”.

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