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L’eau des capucins refait surface au couvent de Sion

L'un des bassins excavés au couvent des capucins à Sion. Keystone/ADRIEN PERRITAZ sda-ats

(Keystone-ATS) Surprise de taille au couvent des capucins à Sion avec la découverte de trois impressionnants bassins construits par l’architecte vénitien Mirco Ravanne dans les années soixante. Leur enfouissement jusqu’à ce jour demeure une énigme.

“Les formes sont remarquables et la conservation du béton également”, commente Pierre Cagna. L’architecte sédunois et expert fédéral pour l’ensemble de la rénovation du couvent des capucins de Sion ne cache pas son admiration devant les trois bassins situés au nord et au sud du bâtiment et excavés il y a deux semaines à peine.

Leur histoire débute entre 1963 et 1968. A cette période, l’architecte italien Mirco Ravanne agrandit et rénove le couvent sédunois. A l’extérieur, il construit trois bassins de tailles différentes qui communiquent entre eux et sont alimentés par une source située sur les hauts de la ville.

L’eau qui sert à arroser les jardins potagers du couvent est puisée dans le plus grand bassin. Pour réaliser ces véritables oeuvres d’art, Ravanne a vraisemblablement collaboré avec les artistes de renommée internationale qu’étaient le Japonais Kengiro Azuma et Angel Duarte, sans doute principal concepteur du dessin des bassins.

Pas d’eau, pas de couvent

“Pour Ravanne, qui venait de Venise, l’eau avait une importance particulière”, souligne Pierre Cagna qui a bien connu l’architecte mort en 1991 et a réussi à confier ses archives à l’EPFL de Lausanne. Les bassins rappellent également la nécessité pour tous les couvents à l’époque, dont celui de Sion construit au XVIe siècle, de disposer d’eau, surtout en cas de siège.

En ce qui concerne le nombre de bassins et leur disposition dans l’espace, Pierre Cagna suppose que Ravanne s’est inspiré de certains monastères, comme celui de Saint-Antoine en Egypte: un bassin pour boire, un autre pour se laver et un dernier pour arroser les cultures.

Esquisse et photo

Aucun ouvrage, article, entretien ou mémoire de capucins ne témoigne de l’existence de ces bassins au couvent franciscain de Sion. “Nous disposons seulement d’une esquisse d’Angel Duarte et d’une photo parue en 1998 dans la publication des archives de la construction moderne”.

Lorsqu’en 2016, une pelleteuse découvre une toute petite partie d’un bassin, le chantier est stoppé trois ans. Les spécialistes doivent d’abord se concentrer sur la rénovation du bâtiment qui a débuté en 2014.

Convaincu de la valeur de ces bassins aux lignes géométriques pures et fortes, l’expert fédéral insiste pour reprendre les investigations. La bourgeoisie de Sion, propriétaire des lieux, investit environ 16’500 francs pour les excaver.

Ouvert au public

Quand et pourquoi ces bassins ont-ils été enfouis? “Cela reste un mystère”, indique Pierre Cagna, qui émet toutefois des hypothèses: “Ils ont peut-être été ensevelis lors d’une rénovation réalisée au début des années 90, car nous avons trouvé des déchets de ce chantier lors de l’excavation. Il est aussi possible qu’on les ait recouverts en raison d’un problème d’étanchéité…”.

Une chose est sûre, les bassins sont un bijou de plus pour le couvent des capucins de Sion reconnu d’importance nationale en 2014 et dont la récente rénovation a valu à la bourgeoisie de Sion un prix d’encouragement de la Société suisse pour la protection des biens culturels décerné en octobre 2017. Le public pourra bientôt les admirer, sans doute via les visites déjà organisées sur le site par Sion Tourisme.

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