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L’Europe doit agir vite pour préserver son accès à l’espace

La fusée Ariane 5, en service depuis 1995, sera remplacée par un lanceur Ariane 6 dès 2020 (archives). KEYSTONE/AP ESA/P BAUDON sda-ats

(Keystone-ATS) Le futur lanceur européen Ariane 6, attendu en 2020, devra évoluer rapidement pour rester compétitif afin de garantir à l’Europe un “accès souverain à l’espace”, estime la cour des comptes française. L’arrivée de nouveaux acteurs a fortement accru la concurrence.

“La maîtrise des technologies spatiales et le fait de pouvoir accéder de façon autonome à l’espace sont, pour l’Europe et la France, des intérêts dont l’importance n’a jamais été aussi grande”, a souligné mercredi la cour en relevant les “importants défis” qui se profilent pour les lanceurs spatiaux.

“Les Européens n’ont d’autre choix que de mettre des moyens en adéquation avec leur ambition et d’unir leurs efforts, alors que les Etats seuls ne disposent plus des moyens budgétaires suffisants pour faire face à cette compétition stratégique globale”, poursuit-elle.

L’accès à l’espace, qui était l’apanage des grandes puissances, concernait historiquement la défense, les communications et l’observation. Ce que l’on appelle aujourd’hui le “New Space” se traduit par des applications spatiales qui vont de la surveillance du réchauffement climatique à la géolocalisation, notamment pour les futurs véhicules autonomes, en passant par les objets connectés.

Fusée réutilisable

Un accès autonome à l’espace répond donc à des enjeux de sécurité et de défense, industriels et économiques mais aussi sociétaux et de rayonnement et de politique d’influence, souligne la cour.

Or, l’arrivée de nouveaux acteurs, publics avec des Etats (Russie, Japon, Chine et Inde), privés avec les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) ou encore SpaceX “attirés par les potentialités nouvelles de l’espace”, a bouleversé ce paysage.

Les acteurs américains bénéficient d’un avantage concurrentiel majeur avec le premier budget spatial civil dans le monde: 19,5 milliards de dollars (19,5 milliards de francs) en 2018 pour la NASA contre 5,6 milliards d’euros (6,4 milliards de francs) pour l’agence spatiale européenne (ESA).

Le lanceur Ariane 6, qui sera opérationnel en 2020, “doit évoluer rapidement pour rester compétitif”, notamment grâce au réutilisable, le fait de pouvoir récupérer une partie du lanceur pour un nouveau tir, poursuit la cour.

“Même si l’ambitieux calendrier de développement d’Ariane 6 est respecté, il y a un risque important que le lanceur ne soit pas durablement compétitif face à SpaceX, qui continue de progresser”.

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