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L’ex-président bolivien Morales arrive au Mexique

Evo Morales, à droite sur le cliché, a été reçu par le ministre mexicain des affaires étrangères, Marcelo Ebrard. KEYSTONE/EPA EFE/MARIO GUZMÁN sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-président bolivien Evo Morales, qui se dit menacé dans son pays, est arrivé mardi au Mexique, où il a obtenu l’asile politique. L’avion militaire mexicain qui le transportait s’est posé à l’aéroport de Mexico peu après 18h00 (heure en Suisse).

“La lutte continue”, a promis M. Morales, affirmant qu’il ne cesserait pas de “faire de la politique”. “Tous les peuples ont le droit de se libérer”, a-t-il dit, après avoir remercié le Mexique de lui avoir “sauvé la vie”. Il était notamment accompagné de l’ancien vice-président Álvaro García Linera et de l’ex-ministre de la santé, Gabriela Montaño.

Evo Morales a démissionné dimanche après avoir été lâché par l’armée. Il s’était retrouvé de plus en plus isolé en Bolivie, alors que la crise politique s’accélérait soudainement. Grève générale et manifestations paralysent le pays depuis une dizaine de jours.

Sur une photographie diffusée sur Twitter par le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard, on voit l’ex-chef de l’Etat bolivien dans un avion, recouvert d’un drapeau mexicain qu’il tend à deux mains.

Le ministre mexicain avait assuré plus tôt que son gouvernement avait été sollicité par M. Morales: “Il nous a demandé par oral et de façon officielle de lui accorder l’asile politique”.

“Sans gouvernement”

“Après avoir pillé et tenté d’incendier ma maison à Villa Victoria, des groupes de vandales des putschistes [Carlos, ndlr] Mesa et [Luis Fernando, ndlr] Camacho ont fait irruption chez moi dans le quartier de Magisterio à Cochabamba. Je suis très reconnaissant à mes voisins qui ont arrêté ces raids”, a twitté Evo Morales, 60 ans.

M. Mesa est le candidat d’opposition qui réclamait un second tour à la dernière élection présidentielle. Quant à M. Camacho, il est le fer de lance de la révolte populaire contre le résultat du scrutin de la fin octobre, jugé frauduleux.

Dans la foulée du président socialiste, ont également démissionné les successeurs prévus par la constitution dans l’hypothèse d’un départ du chef de l’Etat, c’est-à-dire le vice-président Álvaro García Linera, la présidente et le vice-président du Sénat ainsi que le président de la chambre des députés, entraînant une vacance du pouvoir.

C’est donc la deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, qui a revendiqué la présidence par intérim. Elle a dit mardi espérer être désignée par la chambre haute, où les partisans d’Evo Morales sont majoritaires (19 des 36 sièges).

“Convoquer des élections”

“Nous ne pouvons pas être sans gouvernement”, a ajouté cette sénatrice de l’opposition de 52 ans, qui avait annoncé lundi son intention de “convoquer des élections” pour avoir “un président élu le 22 janvier”. C’est à cette date que la prise de fonctions du prochain chef de l’Etat devait intervenir avant la crise politique.

Jeanine Añez doit convoquer une élection présidentielle dans les 90 jours suivant la démission du chef de l’Etat, d’après la constitution.

Dans les rues, un climat de violence s’est installé, à tel point que la police, s’estimant “dépassée” par la situation, a demandé lundi l’aide de l’armée, qui a accepté de la lui fournir.

Après les incidents de lundi, les forces de l’ordre étaient déployées dans La Paz, tandis qu’un groupe de manifestants partisans d’Evo Morales était rassemblé sur la place San Francisco, à quelques pâtés de maisons du Parlement, selon les médias locaux et l’AFP.

Dimanche soir, des milliers de Boliviens ont déferlé dans les rues pour célébrer le départ d’Evo Morales. Trois personnes ont été tuées et 383 blessées durant la vague de contestation.

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