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L’horlogerie suisse sur le chemin de la stabilisation

L'horlogerie helvétique affronte des vents contraires depuis plus d'un an (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) L’horlogerie suisse espère pouvoir stabiliser sa situation en 2017, malgré 17 mois consécutifs de baisse de ses exportations. L’introduction au 1er janvier de la nouvelle réglementation du swiss made apportera davantage de crédibilité et de confiance dans le label.

Les exportations horlogères devraient subir une baisse de l’ordre de 10% cette année, estime Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH), dans un entretien accordé à l’Agence télégraphique suisse (ats). Elles devraient ressortir autour de 19,5 milliards de francs.

Une valeur bien éloignée du record de 2014, avec 22,2 milliards de francs, et des 21,5 milliards de l’an dernier. Quant à savoir si le creux de la vague est passé, comme certains l’affirment, Jean-Daniel Pasche se veut prudent. “Une stabilisation est attendue”, avance-t-il, alors que les salons de Genève et de Bâle se profilent.

Ces événements permettront de prendre le pouls. Des signaux favorables émergent en Chine. La Corée du Sud et le Royaume-Uni jouent le rôle de plate-forme touristique, le second étant désormais le premier marché européen, grâce notamment à la dévalorisation de la livre suite au Brexit.

Deuxième débouché à l’exportation, les Etats-Unis devraient pour leur part se stabiliser aussi et, avec le dollar fort, apporter une bouffée d’oxygène.

Emploi touché

La situation varie beaucoup d’une marque à l’autre, constate le président de la FH. Elle apparaît la plus délicate pour les sous-traitants, pour qui le mot crise prend toute sa signification. Les prix sont réadaptés à la baisse pour certaines marques et les ventes se développent en ligne, même pour le haut de gamme.

Ce contexte d’évolution, inconnue depuis la crise financière de 2008, ne va pas sans peser sur les effectifs. Dans une interview à la NZZ, François Matile, secrétaire général de la Convention patronale horlogère suisse (CP), chiffrait le recul à 3-4% en 2016, avec un nombre d’employés revenant à 57’000 environ en fin d’année.

La montre connectée reste un sujet. “Il est bon que des acteurs en Suisse se montrent innovants dans le domaine”, relève Jean-Daniel Pasche. “Mais cela demeure un produit différent”. Les fabricants asiatiques seraient les plus touchés, dans la mesure où ils sont très présents dans l’entrée de gamme.

Swiss made renforcé

“Le souci pour la montre suisse réside plutôt dans la concurrence des multiples possibilités de dépenser son argent, comme le choix offert par les autres produits de luxe”. C’est pourquoi l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation du swiss made au 1er janvier 2017 revêt une importance énorme aux yeux du président de la FH, qui rappelle qu’il a fallu dix ans pour arriver là.

“Il en va de la crédibilité à long terme et de la confiance dans le label”, insiste Jean-Daniel Pasche. Ainsi, 60% du coût de revient de l’ensemble de la tête de montre devra être effectué en Suisse, le bracelet n’entrant pas dans la définition. “Les opérations essentielles seront assurées en Suisse.”

Le président de la FH évoque les difficultés rencontrées pour faire évoluer les mentalités dans la branche. “Il y a quinze ans encore, un taux de 50% était considéré comme impossible”. En 1971, seul le mouvement devait être fabriqué en Suisse. En 1992, l’emboîtage et le contrôle final sont venus s’ajouter.

Résistances multiples

Au-delà des résistances internes ainsi que celles qui sont apparues au Parlement, Jean-Daniel Pasche rappelle qu’il n’est pas évident de faire passer une telle réglementation par les temps qui courent. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les accords de libre-échange, comme celui conclu avec l’Union européenne, imposent des standards qui limitent le renforcement des labels.

L’idée d’un taux de 80% envisagée un moment pour les montres mécaniques a dû être abandonnée. L’OMC considère un tel coefficient comme une entrave technique.

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