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L’ONU saluerait un meilleur dialogue russo-américain sous Trump

Jan Eliasson était à Genève pour la dernière fois comme secrétaire général adjoint de l'ONU. KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Un meilleur dialogue russo-américain sur la Syrie sous l’administration Trump serait “une bonne chose”, a estimé vendredi à Genève le secrétaire général adjoint de l’ONU Jan Eliasson. Pour l’heure, il n’y a pas de perspective de reprise du dialogue intersyrien.

Les relations entre Russes et Américains ces derniers temps ont été “tendues”, a souligné devant la presse le Suédois pour sa dernière visite à Genève avant la fin de son mandat fin décembre. M. Eliasson a dénoncé les violations du droit international humanitaire (DIH), après avoir rencontré l’émissaire adjoint Ramzy Ezzeldin Ramzy.

Il a aussi expliqué que l’accès pour les investigations de l’ONU sur l’attaque contre un convoi humanitaire le 19 septembre près d’Alep était difficile. Il espère un rapport d’ici la fin de l’année. Mais ces actes constituent “sans aucun doute” un crime de guerre, a-t-il dit.

Jan Eliasson a admis qu’aucune discussion intersyrienne n’était “imminente”. Les discussions se poursuivent seulement entre Moscou, Washington et les puissances régionales qui s’étaient réunis à Lausanne à la mi-octobre.

Défendre les valeurs de l’ONU

Malgré les déclarations fortes de Donald Trump contre l’ONU, M. Eliasson souhaite que les Etats-Unis continuent de travailler avec l’ONU. Chaque Etat membre a “intérêt” à collaborer avec les Nations Unies dans différents domaines, a dit le secrétaire général adjoint âgé de 76 ans.

Mais il a répété les préoccupations de l’ONU sur l’attitude du prochain président américain sur le changement climatique, les migrants et la montée de la xénophobie. Il faut un discours qui soit “convaincant” sur les valeurs de l’ONU auprès des électorats, a expliqué M. Eliasson.

Sur le changement climatique autant que sur les Objectifs du développement durable (ODD), il ne pense pas que les Etats aient jamais autant oeuvré auparavant. Parmi les autres thématiques qu’il a évoquées, il a admis que la “méfiance” était importante au Yémen entre le gouvernement et les rebelles Houthis. Elle empêche d’avancer dans des discussions politiques.

Après le veto à une résolution pour un embargo sur les armes au Soudan du Sud, M. Eliasson estime également que ce pays “constitue l’une des pires situations auxquelles nous sommes confrontés”. Les discussions se poursuivent sur cet “élément négatif”.

En Colombie, où l’ONU surveille le cessez-le-feu, M. Eliasson espère que le nouvel accord de paix pourra entrer en vigueur. Mais il refuse de donner un quelconque conseil au gouvernement sur le moyen d’obtenir un soutien plus large après le rejet du précédent arrangement. Il oeuvre aussi pour améliorer le dispositif contre le choléra en Haïti.

Neutralité remise en question

Plus largement, l’ONU n’est plus vue comme “neutre” et “impartiale” par toutes les parties dans ses missions de maintien de la paix, a-t-il déploré. C’est la raison pour laquelle les acteurs internationaux sont pris pour cibles, dit-il.

Le secrétaire général adjoint de l’ONU devait donner plus tard une conférence à l’Université de Genève. Il effectuait vendredi sa dernière visite en dehors de New York. Les deux principaux sites de l’ONU “sont étroitement reliés”, dit-il.

Avant de devenir secrétaire général adjoint, M. Eliasson a par le passé occupé plusieurs mandats d’émissaire. Il a aussi été le premier coordinateur humanitaire de l’ONU.

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