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La catastrophe annoncée n’a pas eu lieu en Valais

La Lex Weber n'a pas provoqué d'onde de choc dans la construction valaisanne. Si la masse salariale des entreprises du gros oeuvre affiche une tendance à la baisse depuis deux ans, le taux de chômage diminue dans la construction (archives). KEYSTONE/OLIVIER MAIRE sda-ats

(Keystone-ATS) La construction valaisanne n’a pas trop souffert de l’introduction de la Lex Weber qui limite la construction de résidences secondaires. En 2012, certains annonçaient une catastrophe et des centaines d’emplois perdus en cas d’acceptation de la loi.

Cinq ans plus tard, les chiffres racontent une autre histoire. Pour la première fois depuis 2011, le taux de chômage global du canton est inférieur à la moyenne nationale. La construction n’échappe pas à la tendance et affiche aussi un taux de chômage en repli. En juillet, le nombre de chômeurs dans la construction a diminué de 16% par rapport à juillet 2016.

“Le choc n’a pas eu lieu”, admet Serge Métrailler, directeur de l’Association valaisanne des entrepreneurs (AVE). Pourtant, si les perspectives sont positives sur le front du chômage, l’Etat du Valais attend un taux de chômage de 3,2% en 2017 et de 3,1% en 2018, elles le sont moins du côté des entreprises.

Situation inexplicable

La masse salariale des entreprises du gros oeuvre est en recul. Entre 2014 et 2015, elle a diminué de 1,6%. La baisse s’est encore accentuée entre 2015 et 2016 pour atteindre 2,4%, annonce M. Métrailler. “Et le chômage n’a jamais été aussi bas, je ne peux pas l’expliquer”, peut-être que certains chômeurs ont quitté le canton, avance-t-il.

Serge Métrailler constate un gros essor de la construction dans la plaine du Rhône, au point que la menace serait plutôt la surchauffe. Il semble que beaucoup d’entreprises de construction actives dans les stations se sont tournées vers des chantiers de plaine, avec un certain succès. Mais ce n’est pas le cas pour la totalité des entreprises. “Dans certaines vallées, il n’y a vraiment plus rien”, estime M. Métrailler.

Marché à plat

Un constat que fait aussi le président de la Chambre immobilière valaisanne Paul-André Roux. Dans les stations, “le marché est à plat”. Il en veut pour preuve les seules ventes aux étrangers. Il y a quelques années, le Valais devait solliciter les contingents inutilisés d’autres cantons pour satisfaire la demande.

L’an dernier, le Valais a utilisé 80 unités de ventes aux étrangers sur son contingent de 330, précise M. Roux. “Plus rien ne se vend et personne n’ose rien entreprendre”. La faute à l’insécurité juridique, que les oppositions de l’association Helvetia Nostra contribuent à attiser.

Moins d’oppositions

Il s’agit d’oppositions dirigées contre les personnes soupçonnées de vouloir contourner la loi, précise l’avocat de l’association Pierre Chiffelle. Et l’avocat de citer Verbier en exemple: 3000 habitants, 300 logements sur le marché et la commune délivre des autorisations de construire, “une situation absurde”, estime l’avocat.

Pourtant, l’avocat se défend de vouloir empêcher les gens de vivre. Il y a les personnes de bonne foi, qui veulent réellement bâtir une résidence principale, “dans ces cas-là, on accepte”, précise M. Chiffelle. Les oppositions sont déposées lorsqu’il y a un doute sur l’affectation. D’ailleurs, le nombre d’oppositions a aussi diminué.

Depuis la date de la votation le 11 mars 2012, Helvetia Nostra a déposé plus de 2000 oppositions contre des projets de constructions en Valais. Mais depuis l’entrée en vigueur de la loi en janvier 2016, seules 200 oppositions ont été formulées, indique Helvetia Nostra.

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