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La gauche latino-américaine réagit à la démission d’Evo Morales

Evo Morales a annoncé sa démission depuis son fief politique, la localité de Chimoré dans la région de Cochabamba, dans le centre de la Bolivie (archives). KEYSTONE/EPA/PETER FOLEY sda-ats

(Keystone-ATS) Cuba, le Venezuela et l’Argentine ont dénoncé dimanche le “coup d’Etat” contre la démocratie en Bolivie, après la démission du président Evo Morales auquel le Mexique a offert l’asile. La Colombie demande elle une “réunion urgente” du conseil permanent de l’OEA.

Le chef de l’Etat cubain a exprimé dans un tweet sa “condamnation énergique du coup d’Etat”. Il estime que “le monde doit se mobiliser pour la vie et la liberté d’Evo”, avec le hashtag #EvoNoEstasSolo (Evo, tu n’es pas seul).

Cuba, allié traditionnel du dirigeant socialiste, exprime sa “solidarité avec le frère président Evo Morales, protagoniste et symbole de la revendication des peuples indigènes de nos Amériques”, a également tweeté le ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez.

De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro a condamné “catégoriquement” ce “coup d’Etat” en Bolivie “contre le frère président Evo Morales”, a-t-il écrit sur Twitter. Il appelle lui aussi à “la mobilisation pour exiger que soit préservée la vie des peuples indigènes boliviens, victimes du racisme”.

Enfin, le président élu argentin, Alberto Fernandez, a lui aussi utilisé le terme de “coup d’Etat” dans un message sur Twitter. C’est un coup “produit par l’action conjointe de civils violents, du personnel policier qui s’est démobilisé et de la passivité de l’armée”, a écrit M. Fernandez, un péroniste de centre-gauche qui entrera dans ses fonctions de président le 10 décembre.

“La rupture institutionnelle en Bolivie est inacceptable. Le peuple bolivien doit se prononcer le plus tôt possible, dans des élections libres, sur son prochain gouvernement”, a ajouté M. Fernandez. Le gouvernement argentin du président libéral sortant Mauricio Macri n’a pas réagi immédiatement à la démission d’Evo Morales.

“Réunion d’urgence”

Le gouvernement colombien a pour sa part demandé dimanche une “réunion urgente” du conseil permanent de l’Organisation des Etats américains (OEA). La Colombie souhaite cette réunion “afin de chercher des solutions à la complexe situation institutionnelle” qui se présente en Bolivie, a indiqué le ministère colombien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il demande aussi de s’assurer que “les citoyens boliviens puissent s’exprimer librement dans les urnes et élire un nouveau gouvernement avec toutes les garanties liées à sa participation”.

Le ministre colombien des Affaires étrangères, Carlos Holmes Trujillo, avait exhorté le gouvernement bolivien à organiser un deuxième tour de scrutin entre M. Morales et le candidat de l’opposition, Carlos Mesa, lors d’une session extraordinaire du conseil permanent de l’OEA le 4 novembre à Washington.

De son côté, le Mexique a offert dimanche l’asile à Evo Morales à la suite de l’accueil par l’ambassade mexicaine à La Paz d’une vingtaine de fonctionnaires et de parlementaires boliviens, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard. Si le président “en décidait ainsi, nous offririons aussi l’asile à Evo Morales”, a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Irrégularités

Le président bolivien Evo Morales a démissionné dimanche après avoir perdu le soutien de l’armée et de la police, au bout de trois semaines de vives protestations contre sa réélection lors du premier tour de la présidentielle du 20 octobre.

“Je renonce à mon poste de président”, a déclaré à la télévision le leader indigène de 60 ans, au pouvoir depuis 2006, au terme d’une journée marquée par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que des démissions en série de ministres et députés.

Le président de gauche avait auparavant promis de “renouveler l’ensemble des membres du Tribunal électoral suprême (TSE)”, puis de “convoqu(er) de nouvelles élections”, sans spécifier la date de ce nouveau scrutin, ni s’il s’y représenterait. Cette annonce répondait à la demande de l’OEA, qui avait estimé le scrutin d’octobre entaché d’irrégularités.

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