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La lutte contre le piratage devient de plus en plus compliquée

La lutte contre les contrefaçons s'intensifie. En 2008, plusieurs milliers de copies de montres suisses avaient été détruites (archives). KEYSTONE/SANDRO CAMPARDO sda-ats

(Keystone-ATS) La lutte contre les contrefaçons devient de plus en plus sophistiquée. Si les services de paiement ou les transporteurs de marchandises sont de plus en plus attentifs au piratage, ils sont en partie démunis pour suivre la créativité des faussaires.

“Le marché mondial de la contrefaçon se monte à plusieurs milliards de francs par an, soit plus de 2,5% du commerce mondial et 5% des importations vers l’Union européenne (UE)”, a déclaré vendredi Anastasia Li-Treyer, présidente de Stop à la piraterie, à l’occasion d’un colloque à l’Université de Neuchâtel. Avec le développement du numérique, la lutte devient de plus en plus compliquée et oblige à rendre plus attentifs les intermédiaires à ce phénomène.

Anastasia Li-Treyer, également directrice générale de Promarca, ajoute que selon une dernière estimation, qui date de 2005 et réalisée par le magazine Cash, les contrefaçons représentent une perte de 2,5 milliards de francs pour les entreprises suisses.

Anastasia Li-Treyer estime qu’il est donc nécessaire de sensibiliser la population pour qu’elle comprenne que derrière le faux, il y a le crime organisé. Et souvent un danger pour la santé et la sécurité des consommateurs dans le cadre des médicaments.

Corruption

“Nous souhaitons être un transporteur modèle, ne serait-ce que pour nous éviter des problèmes de marchandises abandonnées et non payées et des arrestations de bateaux par exemple”, a expliqué Laurent Audaz, directeur du domaine assurances, judiciaire et plaintes du groupe maritime genevois MSC. Mais le deuxième leader mondial convoie 14 millions de TEUS (conteneur de 20 pieds) par an.

“Il est donc impossible de mettre un homme derrière chaque conteneur”, ajoute Laurent Audaz. De plus, les contrefaçons sont souvent cachées à l’intérieur du conteneur, 20 mètres derrière des produits standards. “Et dans certains cas, la copie est vraiment bonne car tout ressemble à l’original, y compris l’emballage”, observe-t-il.

“C’est donc un job extrêmement difficile à réaliser”, précise Laurent Audaz. De plus, la chaîne logistique souffre aussi du haut degré de corruption, due à de faibles salaires dans certains pays, et du niveau variable de conscience professionnelle et de capacité de certaines douanes.

Amendes

Du côté des moyens de paiement, les émetteurs de cartes de crédit sont aussi conscients du problème. “Mastercard a par exemple une position très claire où il ne tolère aucun usage provenant d’activités illégales”, a expliqué Alain Morf, directeur associé de SIX Payment Services (solution de paiement e-commerce de SIX). Les règles de Mastercard sont valables aussi bien pour les vendeurs que les acheteurs.

Une amende de 200’000 dollars (187’672 francs) par adresse URL et/ou par vendeur est possible. Du côté de Visa, elle est de 25’000 euros (28’250 francs). “L’acheteur devrait se méfier en cas de faible contrôle durant le processus et quand l’enregistrement ne prend pas quelques minutes”, ajoute Alain Morf.

De son côté, SIX Payment Services, en tant que facilitateur de paiements, fait un examen de chaque nouveau vendeur en lui demandant un registre du commerce, son business plan et d’autres documents pertinents. Selon le secteur, des certificats officiels sont aussi exigés.

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