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La Turquie ferait appel à sa diaspora contre les gülenistes

La Turquie a demandé à ses ressortissants à l'étranger de signaler aux autorités toute personne ou organisation liée au mouvement du prédicateur en exil Fethullah Gülen. Sur l'image, le président Recep Tayyip Erdogan, la main sur le torse. KEYSTONE/EPA TURKISH PRESIDENTAL PRESS OFFICE/TURKISH PRESIDENTAL sda-ats

(Keystone-ATS) La Turquie a demandé à ses ressortissants à l’étranger de signaler aux autorités toute personne ou organisation liée au mouvement du prédicateur en exil Fethullah Gülen. Elle le tient pour responsable du putsch manqué.

Sur une page Facebook de soutien au parti AKP au pouvoir, une publication demande d’appeler un numéro turc pour donner des informations sur des partisans de Fethullah Gülen, selon la radio publique suédoise. Cette dernière a relevé que le même message avait été diffusé sur les réseaux sociaux en Allemagne et en Autriche.

L’ambassade de Turquie à Berne a averti les Turcs vivant en Suisse et proches du mouvement Gülen qu’ils devaient s’attendre à des poursuites judiciaires. Ce mouvement est en effet considéré comme terroriste par Ankara.

“Nous savons qu’il y a quelques institutions et des personnes liées à cette organisation”, a affirmé Volkan Karagöz, le représentant de l’ambassade sur les ondes de la RTS. “Nous ne voyons pas de problème pour ces citoyens s’ils ne sont pas liés à cette organisation terroriste. S’ils le sont, tout sera fait selon les règles de l’Etat de droit”, a-t-il ajouté.

“Je ne me sens pas visé”

“Je ne me sens pas visé, j’ai le passeport allemand et vis en Suisse, Etat de droit” réagit, interrogé par l’ats, le directeur de l’école zurichoise soupçonnée d’être dans la mouvance de l’imam turc Fethullah Gülen. “Mon seul but est de bien jouer mon rôle de directeur, et je ne suis pas la personne adéquate pour m’exprimer sur l’intervention de l’ambassade de Turquie en Suisse”, conclut-il.

Interrogée par l’ats, une porte-parole de l’Office fédéral de la justice (OFJ) a réagi en affirmant que “chaque pays a le droit de lancer une procédure juridique basée sur son cadre légal, mais pas à l’étranger, où une demande d’entraide judiciaire est nécessaire”.

Pas de vengeance

Depuis le week-end dernier, Ankara mène de vastes purges au sein des institutions contre les partisans de Fethullah Gülen. Les autorités ont arrêté ou suspendu plus de 60’000 soldats, policiers, juges, fonctionnaires et enseignants depuis l’échec du putsch.

La situation actuelle a aussi un impact sur les négociations avec l’UE. Le gouvernement allemand s’est dit vendredi opposé en l’état à de nouvelles avancées dans les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE à la suite des mesures de reprise en main par le président Recep Tayyip Erdogan.

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