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Le billet de banque a encore de beaux jours devant lui, dit la BNS

Les jours des billets de banque ne sont pas comptés, estime le vice-président de la BNS Fritz Zurbrügg (archives). KEYSTONE/LUKAS LEHMANN sda-ats

(Keystone-ATS) Les billets de banque ont encore de beaux jours devant eux, contrairement à certaines croyances. Le comportement actuel du public ne permet pas de conclure que les jours du numéraire sont comptés, estime la Banque nationale suisse (BNS).

“Au contraire, la demande demeure robuste”, a relevé Fritz Zurbrügg, vice-président de la direction générale de l’institut d’émission monétaire, en s’exprimant lundi à Bâle lors du Sommet mondial du billet de banque (World Banknote Summit). Il apparaît même que l’usage du billet de banque a augmenté récemment dans certaines économies.

Cette hausse est liée à la crise financière mondiale et à ses effets. “La crise a conduit par moments à une incertitude accrue concernant la stabilité des banques”, a dit le Bernois. Le phénomène a ainsi incité les particuliers à davantage recourir aux espèces, en détenant une partie de leur épargne hors du système bancaire.

Il s’est révélé puissant à l’automne 2008, avec l’éclatement de la crise financière et entre fin 2011 et mi-2012 avec la crise de la dette dans la zone euro. L’attrait du numéraire ces dernières années s’est aussi vérifié en Suisse, où les billets de banque et pièces de monnaie en circulation dépassent 10% du produit intérieur brut (PIB).

Impact du taux négatif

En Suisse spécifiquement d’ailleurs, la demande en numéraire s’est accrue du fait que l’argent placé sur un compte ne génère presque plus d’intérêts et que le coût d’opportunité pour la détention de numéraire est faible, a souligné Fritz Zurbrügg. L’introduction en janvier 2015 du taux d’intérêt négatif a accentué le phénomène.

La croissance de la demande n’a pas causé toutefois de thésaurisation de grande ampleur, à savoir le fait de conserver de l’argent sous le matelas. Au-delà, le vice-président de la BNS constate tout simplement que les gens apprécient de payer en liquide. C’est le cas en Suisse, comme chez ses voisins germaniques.

Ce constat n’empêche pas l’essor de la “monnaie plastique” (cartes de débit et de crédit) depuis des décennies. Tout comme celui d’innovations permettant de payer sans contact ou via téléphone mobile. Le développement de ces dernières pourrait s’opérer au détriment de la monnaie plastique et non du numéraire, avance Fritz Zurbrügg.

Voir et toucher l’argent

Pour bon nombre de personnes, “la possibilité de voir et de toucher l’argent accentue à elle seule sa valeur”, a ajouté le vice-président de la banque centrale dans son intervention à Bâle. Bref, à ses yeux, il apparaît “irréaliste” d’envisager une “disparition complète de la demande de numéraire”.

Le Bernois a encore évoqué la question de l’utilisation du numéraire à des fins criminelles. Il a fait ici référence à la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de renoncer à produire des billets de 500 euros à l’avenir et à la discussion de l’opportunité ou non d’imiter ce choix en Suisse avec la coupure de 1000 francs.

“En Suisse, rien n’indique que les grosses coupures comportent un risque particulier dans ce domaine”. Selon lui, les dispositions de la loi sur le blanchiment d’argent et l’ordonnance y relative préviennent un éventuel usage du numéraire à des fins criminelles. L’avenir du billet de 1000 francs est donc assuré.

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