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Le Conseil fédéral soutient le gel d’un projet par Guy Parmelin

Le conseiller fédéral Guy Parmelin a eu raison de suspendre le projet de défense sol-air. Il a reçu le soutien du Conseil fédéral mercredi (archives). KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Le projet de défense sol-air 2020 (DSA 2020) gelé en mars 2016 par Guy Parmelin ne sera pas relancé pour l’instant. Contrairement aux commissions de gestion du Parlement, le Conseil fédéral soutient la décision de son ministre de la défense et refuse d’interférer.

Le gouvernement a rejeté mercredi une partie des recommandations formulées par les organes de surveillance parlementaires. Selon lui, Guy Parmelin n’a pas pris de décisions hâtives. La suspension était “compréhensible et absolument défendable selon la perspective de l’époque”. Elle était avant tout fondée sur les incertitudes liées aux coûts, rappelle l’exécutif.

Aussi connu sous son acronyme alémanique Bodluv 2020, le projet de défense sol-air vise à remplacer les équipements vieillissants de l’armée suisse. L’achat, avancé après le refus de l’achat de l’avion de combat Gripen, était prévu dans le programme d’armement 2017. Guy Parmelin avait gelé les travaux pour disposer d’une vue d’ensemble de la défense aérienne, notamment l’évaluation d’un nouvel avion de combat.

Incohérences

Début 2016, plusieurs médias avaient fait état d’incohérences. La “Zentralschweiz am Sonntag” avait tiré la sonnette d’alarme le 14 février 2016.

Sous les feux de la critique: la décision du 19 janvier de poursuivre l’évaluation en combinant deux systèmes présentant chacun un défaut, l’un lié à la météo, l’autre à la portée de tir. Leurs désavantages devaient se compenser.

Le ministre assure ne pas avoir été informé de cette stratégie, ce que contestent les responsables du projet. Il a tout arrêté le 22 mars, la veille d’une émission de la “Rundschau” sur ce sujet.

Pour les commissions de gestion, Guy Parmelin a tiré la manette de freins trop tôt, il aurait dû attendre septembre et les résultats de l’évaluation. Sa décision a même empêché l’instauration de la transparence des coûts. Il n’existe aucun chiffre définitif, mais les responsables tablaient sur une facture entre 700 millions et 1,1 milliard de francs. La suspension a coûté quelque 20 millions.

Eviter des coûts

Invitant le Conseil fédéral à reprendre le projet au plus vite avec le ministre, les parlementaires ont également exigé des directives afin d’éviter les prises de décisions hâtives et coûteuses à l’avenir. Le gouvernement en prend acte. Il annonce qu’il en tiendra compte lors de ses prochaines décisions relatives à la modernisation de la défense aérienne.

Un des principaux griefs faits par les parlementaires à Guy Parmelin est d’être intervenu sans consulter au préalable les responsables du dossier. Les commissions ont recommandé au conseiller fédéral d’associer désormais ses subordonnés à ses décisions d’une certaine portée politique et à instaurer une culture de communication ouverte.

Il doit décider

Le Conseil fédéral n’appuie pas cette recommandation. Selon lui, l’intervention du chef de la défense dans les projets en cours fait justement partie des processus décisionnels prévus. Comme ses collègues du gouvernement, il doit diriger son département et prendre des décisions. “Aucun automatisme technocratique ne peut prétendre être au-dessus du processus de conduite politique.”

Guy Parmelin est – et a toujours été conscient – de la portée de ses décisions. Il sollicite régulièrement les échanges avec ses subordonnées directs. Il pratique et favorise une culture de la communication et de la critique constructive, dans un esprit d’ouverture et de transparence, loue encore le gouvernement.

Les parlementaires n’étaient pas unanimes sur les critiques à l’égard du chef de la défense. Le rapport n’a été adopté que par 11 voix contre 9 par la commission de gestion du National et par 9 voix contre 1 par celle du Conseil des Etats.

Rapport global en mai

Comme le Conseil fédéral l’a indiqué le 24 février 2016, un groupe d’experts interne au DDPS a été institué pour fournir un rapport global sur l’évaluation et l’acquisition d’un nouvel avion de combat. Un groupe d’accompagnement a été chargé parallèlement d’émettre des recommandations à ce sujet.

Ces deux groupes ont eu pour mission d’inclure les systèmes basés au sol dans leurs réflexions sur la défense aérienne. Le rapport doit être livré en mai. Guy Parmelin décidera alors sous quelle forme l’évaluation d’un projet DSA pourra être reprise.

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