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Le MPC reprend la main sur l’ex-ministre gambien réfugié en Suisse

Le Ministère public de la Confédération et son procureur général Michael Lauber vont se charger de l'enquête contre un ex-ministre gambien qui a demandé l'asile en Suisse (archives). KEYSTONE/TI-PRESS/GABRIELE PUTZU sda-ats

(Keystone-ATS) Le Ministère public de la Confédération (MPC) reprend la main dans l’affaire de l’ex-ministre gambien qui a demandé l’asile en Suisse. Soupçonné de crimes contre l’humanité, il est actuellement en détention provisoire après une décision du Ministère public bernois.

Le MPC reprend la procédure qui a été ouverte contre l’ancien ministre de l’Intérieur de Gambie Ousman Sonko, annonce-t-il lundi dans un communiqué. Le Parquet général du canton de Berne lui a demandé de se déterminer sur sa compétence dans l’affaire.

Selon le MPC, il existe suffisamment d’éléments pour “ne pas exclure le soupçon de crimes contre l’humanité” qui vise l’ancien ministre. Depuis 2011, ce délit relève de la compétence fédérale. La présomption d’innocence s’applique comme toujours, précise le MPC.

Le MPC a été averti le 29 novembre dernier par l’Office fédéral de la police que M. Sonko avait déposé une demande d’asile en Suisse le 10 novembre. Le MPC a alors donné à fedpol un mandat de recherches préliminaires.

Des investigations ont aussi eu lieu en collaboration avec des partenaires internationaux, dont la Cour pénale internationale. Ces premières recherches ont abouti à la conclusion qu’à l’époque, il n’y avait pas de motif de détention, poursuit le MPC.

Dénonciation

Mais la situation a changé avec la dénonciation pénale déposée par l’ONG basée à Genève TRIAL, qui lutte contre l’impunité des crimes. Le Ministère public bernois a ouvert une enquête le 26 janvier. Ousman Sonko a été placé en détention provisoire le 28 janvier.

TRIAL n’a pas dénoncé l’ancien ministre directement pour des crimes contre l’humanité, qui exigeraient une attaque généralisée ou systématique lancée contre la population civile, explique le MPC. L’ONG s’est sciemment adressée aux autorités cantonales bernoises, compétentes notamment en matière de lésions corporelles graves, contrainte et séquestrations et enlèvements.

TRIAL a rassemblé des informations précieuses pour l’enquête, souligne le MPC. La situation politique en Gambie s’est modifiée, avec le départ du président Jammeh. Sur la base de ces nouveaux éléments et après un entretien entre le Procureur général de la Confédération Michael Lauber et son collègue du canton de Berne, le MPC a pris sa décision. Des voix se sont élevées pour que le dossier revienne au MPC, vu la gravité des accusations.

Asile en Suisse

La durée de l’incarcération de cet homme est limitée pour l’instant à trois mois, prolongeable si besoin. L’ancien ministre séjournait depuis le mois de novembre dans le centre de transit pour requérants d’asile de Lyss (BE).

Ousman Sonko a fui après avoir été démis de ses fonctions par le président gambien Yahya Jammeh aujourd’hui en exil. Selon l’ONG, il a d’abord demandé l’asile en Suède, avant de venir en Suisse. Le 14 novembre, la Confédération l’attribue alors au canton de Berne.

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