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Le Sénat brésilien maintient son président et défie la Cour suprême

Le président du Sénat brésilien Renan Calheiros a été inculpé voici quelques jours pour détournement de fonds publics. KEYSTONE/AP/ERALDO PERES sda-ats

(Keystone-ATS) Le Sénat brésilien a bravé mardi la décision d’un juge de la Cour suprême en annonçant qu’il maintenait dans ses fonctions son président Renan Calheiros. L’homme est officiellement accusé de détournements de fonds publics.

Le bureau exécutif du Sénat a dénoncé la décision “monocratique” du juge du Tribunal suprême fédéral (STF) Marc Aurelio Mello. Lundi, le magistrat avait suspendu de ses fonctions avec “effet immédiat” le troisième personnage de l’Etat, quatre jours après sa mise en accusation par la haute juridiction.

Dans une décision officielle signée par ses membres, le bureau du Sénat a souligné qu’il n’entérinerait cette mesure que si elle était confirmée par la majorité des juges de la Cour suprême. “On ne prévoit pas de succession à la présidence du Sénat”, a-t-il ajouté.

Séparation des pouvoirs violée

L’organe exécutif de la chambre haute a précisé avoir décidé d'”attendre la délibération collégiale finale du STF” et de concéder à M. Calheiro “un délai réglementaire pour présenter sa défense” devant ses pairs.

Le Sénat avait annoncé dans la matinée avoir déposé un recours contre la décision du juge Mello. La présidente du STF Carmen Lucia a promis de rapidement convoquer une audience plénière de la plus haute juridiction du Brésil pour régler définitivement la question.

La suspension de M. Calheiros viole “la séparation des pouvoirs” et représente “un énorme risque pour le fonctionnement normal du travail législatif” du Sénat, a estimé l’avocat général de la chambre haute dans son argumentaire juridique consulté par l’AFP.

Le bureau exécutif du Sénat a dénoncé une décision qui “affecte gravement le fonctionnement des activités législatives et les délibérations autour de mesures urgentes pour juguler crise économique sans précédent que traverse le pays”.

Fronde antiprocureurs

M. Calheiros s’est dernièrement illustré en prenant la tête d’une fronde parlementaire contre les procureurs et le juge fédéral Sergio Moro chargé du dossier Petrobras, déclenchant une crise institutionnelle d’une ampleur inédite entre le parlement et le pouvoir judiciaire.

Cette enquête mettant en cause des dizaines de parlementaires, dont M. Calheiros, tétanise d’autant plus la classe politique que le numéro un du BTP brésilien Odebrecht a conclu mercredi un accord de collaboration explosif avec les enquêteurs en échange de remises de peine.

Des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté dimanche pour défendre les magistrats anticorruption et s’opposer à toute modification de la législation visant à entraver leurs enquêtes ou à les museler.

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