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Le sommet de l’Asean débute avec un plaidoyer pour l’ouverture du marché régional

Un gigantesque traité de libre-échange Asie-Pacifique, promu par Pékin, figure au centre des discussions du 35e sommet de l'ASEAN. KEYSTONE/EPA/PONGMANAT TASIRI sda-ats

(Keystone-ATS) Les dirigeants de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) ont plaidé pour l’ouverture du marché régional samedi à Bangkok, en prélude à leur sommet annuel. Un traité de libre-échange Asie-Pacifique, promu par Pékin, sera au centre des discussions.

La Chine, en pleine guerre commerciale avec Washington, tente de renforcer son influence dans la région et est en première ligne pour défendre cet accord, baptisé Partenariat économique intégral régional (RCEP selon son acronyme anglais). S’il était entériné, il créerait le plus vaste espace de libre-échange au monde, réunissant près de la moitié de la population mondiale et plus de 30% du Produit intérieur brut de la planète.

L’Asean et ses potentiels partenaires s’étaient donnés jusqu’à fin 2019 pour trouver un compromis. Mais, selon le secrétaire au Commerce et à l’Industrie des Philippines, Ramon Lopez, ils ont décidé à Bangkok de repousser à 2020 une éventuelle signature.

Il faut “donner la priorité à la coopération régionale”, avec pour objectif la plus grande “connectivité” possible entre nos pays, a lancé Prayut Chan-O-Cha, le premier ministre thaïlandais. “Nous devons utiliser pleinement notre force et notre force réside dans notre marché”, a renchéri son homologue malaisien Mahathir Mohamad.

Le sommet réunit de samedi à lundi dans la capitale thaïlandaise les 10 pays d’Asie du Sud-Est (Indonésie, Thaïlande, Singapour, Malaisie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Cambodge, Laos et Brunei). Le président sud-coréen Moon Jae-In, les premiers ministres chinois Li Keqiang, russe Dmitri Medvedev, et japonais, Shinzo Abe, ont également fait le déplacement.

Trump grand absent

Donald Trump est le grand absent de la rencontre. Il s’est fait représenter par son secrétaire au commerce Wilbur Ross et son conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien. En laissant le terrain libre à Pékin dans la région, Washington “rate une occasion” de rester dans le jeu, estime Thitinan Pongsudhirak, de l’Université Chulalongkorn de Bangkok.

Profitant du vide laissé par Washington, la Chine va tout faire pendant ses trois jours pour faire avancer le RCEP. Lancé en 2012, mais peinant à se matérialiser, le projet, réunit les 10 membres de l’ASEAN ainsi que la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. L’ASEAN et ses potentiels partenaires se sont donnés jusqu’à la fin de l’année pour enfin trouver un accord.

Il exclut en revanche les États-Unis et sonnerait, s’il était entériné, comme un désaveu envers la politique de M. Trump et sa vision du commerce international. Pour Pékin, la signature du RCEP est cruciale. Engagée dans un conflit commercial féroce avec Washington qui lui a déjà fait perdre des centaines de milliards de dollars en exportations, l’économie chinoise a besoin d’un nouveau souffle. Mais les obstacles restent nombreux.

L’Inde se montre encore réticente, inquiète de l’arrivée massive sur son sol de produits bon marché fabriqués en Chine. Elle critique aussi la vision unilatérale de Pékin, faisant douter d’une réelle avancée des négociations lors du sommet de Bangkok. L’Australie et la Nouvelle-Zélande exigent pour leur part des garanties en matière de protection du travail et de l’environnement.

Deux autres sujets brûlants devraient être discutés au sommet de l’Asean: les tensions en mer de Chine méridionale et le rapatriement en Birmanie de centaines de milliers de musulmans rohingyas qui ont fui en 2017 au Bangladesh et ont peur d’être persécutés s’ils rentrent chez eux.

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