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Les jeunes devraient pouvoir voter dès 16 ans

L'abaissement du droit de vote à 16 ans au niveau fédéral passe un cap (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Les jeunes devraient pouvoir voter dès 16 ans. La commission des institutions politiques du Conseil des Etats a approuvé, par 7 voix contre 6, une initiative parlementaire en ce sens. Un projet de loi sera établi.

Les jeunes de 16 ans sont très intéressés par la politique et ont envie de participer, selon Sibel Arslan (Verts/BS), auteure du texte. Ils bénéficient de l’éducation politique nécessaire.

La participation aux élections et aux votations constituerait un bon point de départ pour l’engagement dans la vie politique, poursuit la députée. Les jeunes pourraient ensuite bénéficier du droit d’être élus au moment où ils atteignent la majorité civile.

Vieillisement des votants

Des arguments qui ont convaincu la commission. Les jeunes seront concernés directement et durablement par les effets de la loi sur le CO2 ou par la réforme de la prévoyance vieillesse, indique-t-elle mardi dans un communiqué. Or, en raison de l’évolution démographique, l’âge médian des votants est aujourd’hui de 57 ans.

A ses yeux, c’est préoccupant du point de vue institutionnel. Permettre à la population de participer le plus tôt possible à la vie politique est pertinent dans une démocratie directe.

Le projet donnerait par ailleurs un élan à l’éducation civique, poursuit la commission. Les écoles seraient incitées à former encore plus tôt et plus activement les jeunes à la citoyenneté, étant donné que les élèves pourraient rapidement mettre en pratique les connaissances acquises.

Décalage entre droit et obligation

Le texte ne fait toutefois pas l’unanimité. Une minorité s’y oppose. Exercer des droits politiques avant même d’avoir atteint la majorité civile est problématique, selon elle. La minorité critique notamment qu’un jeune puisse prendre des décisions pour la communauté, alors qu’il ne peut pas décider pour lui-même. Or, de telles décisions sont parfois complexes dans une démocratie directe.

Un décalage serait créé entre droits et obligations, pointe encore la commission. Un morcellement du droit de vote et du droit d’éligibilité serait incompréhensible. Pour la minorité, il serait plus judicieux d’examiner et de tester aux niveaux communal et cantonal une extension du droit de vote, avant d’introduire une telle mesure au niveau fédéral.

L’initiative, ayant déjà été acceptée par le Conseil national, un projet pourra directement être élaboré. Le peuple et les cantons devraient pouvoir s’exprimer sur le sujet, vu qu’il s’agit d’un changement de la Constitution.

L’exception glaronnaise

Au niveau cantonal, seul Glaris accorde pour l’instant le droit de vote à 16 ans. Victime d’exode de ses jeunes, il a choisi en 2007 de leur envoyer un signal pour les inciter à rester au pays.

En février 2020, les citoyens neuchâtelois ont eux refusé à 58,5% l’abaissement de la majorité civique à 16 ans. Le Parlement jurassien en a fait de même quelques mois plus tard. Des projets sont en discussion dans plusieurs cantons, dont Vaud, Genève, le Valais, Berne et Zurich.

Sur le plan international, l’Autriche connaît le droit de vote dès 16 ans depuis une dizaine d’années. L’expérience se montre concluante: les jeunes de 16 et 17 ans sont apparemment plus nombreux à voter que les nouveaux électeurs plus âgés.

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