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Les Suisses vivent plus longtemps, mais pas forcément mieux

Les personnes les moins formées passent plus d'années en mauvaise santé que les universitaires (image symbolique). KEYSTONE/AP/Thomas Kienzle sda-ats

(Keystone-ATS) Les Suisses sont inégaux face à la vieillesse. Les universitaires vivent plus longtemps et en meilleure santé que les personnes au bénéfice d’une formation obligatoire.

Entre 1990 et 2015, l’espérance de vie est passée de 78 à 82 ans chez les hommes et de 83 à 86 ans chez les femmes. Les années vécues en bonne santé ont aussi augmenté de respectivement 4,5 et 3 années, constatent les auteurs d’une étude de l’Université de Genève (UNIGE), publiée lundi dans la revue International Journal of Public Health.

Tous les Suisses ne sont toutefois pas égaux face à la vieillesse. Les chercheurs ont observé de fortes disparités selon leur niveau d’éducation. En 2010, les hommes au bénéfice d’une formation obligatoire vivaient en moyenne jusqu’à 73 ans en bonne santé. Les hommes avec une formation secondaire disposaient de cinq belles années supplémentaires, et ceux avec une formation tertiaire de huit de plus.

L’écart entre les femmes était quant à lui de cinq ans. Celles n’ayant suivi que l’école obligatoire vivaient en bonne santé jusqu’à leur 79e anniversaire, les autres jusqu’à 83 ans.

Fait encore plus marquant: si le nombre d’années passées en mauvaise santé stagne chez les hommes les plus éduqués, il a augmenté chez ceux au bénéfice d’une formation obligatoire de base. Ce dernier chiffre est passé de trois années en 1990 à six en 2015. Chez les femmes, l’évolution est similaire.

Inégalités socio-économiques

Une telle différence peut être expliquée par des inégalités socio-économiques, explique Michel Oris, coauteur de l’étude. Celles-ci “poussent les personnes à faibles revenus à retarder le plus possible, voire renoncer à des contrôles réguliers chez leur médecin ou à éviter de faire des dépistages trop coûteux et non pris en charge par les caisses-maladie”.

Or, “moins l’on fait de prévention, moins vite l’on peut détecter l’apparition de maladies chroniques, et plus notre état de santé se dégrade rapidement”, poursuit le professeur à l’Institut de démographie et socio-économie de l’UNIGE.

L’étude appuie ainsi le constat de l’OCDE, note-t-il. L’organisme avait souligné l’excellence du système de santé en soins aigus de la Suisse, mais aussi la perfectibilité de son système de prévention.

Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont compilé les données de la Cohorte nationale suisse avec celles des Enquêtes suisses sur la santé entre 1990 et 2015. Ils ont ainsi pu suivre plus de 11,65 millions de personnes et 1,47 million de décès.

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