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Les Verts lausannois brisent la “formule magique” de la capitale

A Lausanne, le parti local des Verts va jouer sa partition en solo au premier tour des communales de 2021 à la Municipalité de la Ville (photo symbolique). Keystone/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) C’est une première et un petit séisme dans le landerneau politique lausannois: les Verts lanceront trois candidats au premier tour des élections communales de mars 2021 pour la Municipalité de Lausanne. Ils brisent ainsi la “formule magique” rose-rouge-verte.

Cette partition mathématique “trois PS-un POP-deux Verts” a pourtant très bien fonctionné depuis 2011 au premier tour. Cela fait même depuis 2006 que la sacro-sainte alliance de la gauche plurielle ne laisse qu’un seul siège sur sept à la droite (PLR) à l’exécutif de la capitale vaudoise et qu’elle a même déjà conquis la majorité en début des années 1990.

Portés par les résultats des dernières élections fédérales et désireux d’une “gouvernance de la Ville plus verte”, les Verts lausannois ont décidé jeudi soir en assemblée générale dans la capitale vaudoise de lancer trois candidats par 58 voix pour, 13 voix contre et 13 abstentions.

Il s’agit de la sortante Natacha Litzistorf (environnement) et deux conseillers communaux, Xavier Company, 32 ans, coprésident du parti écologiste local, et Daniel Dubas, 42 ans, chef de groupe.

Ils ont aussi donné mandat au comité du parti de poursuivre la collaboration avec les alliés de gauche et reconduire “une alliance recomposée”. Une “main tendue politique” malgré une campagne électorale en solo au 1er tour, a dit en substance le coprésident des Verts lausannois Benjamin Rudaz.

Débats animés

Le débat a été animé entre la nouvelle génération qui, à l’instar du comité du parti local, a défendu la variante à trois candidats pour un ticket 100% écolo, et les caciques du parti privilégiant deux candidats et donc le statu quo de la “formule magique lausannoise”.

Plusieurs délégués ont estimé “logique” de lancer trois candidats, que cela “coulait de source” au vu des résultats des dernières fédérales et de la mobilisation proclimat dans les rues, qu’il fallait donner “un signal fort”, qu’il fallait “y aller à fond”, “mettre un maximum de force” au sein des exécutifs..

Le municipal sortant Jean-Yves Pidoux (services industriels), qui ne se représente pas, s’est clairement montré sceptique sur la variante à trois candidats. Il a cité dans son intervention les prédictions statistiques de Daniel Brélaz, ne donnant “aucune chance” pour un troisième siège. Il a aussi estimé que cette stratégie consistait à plutôt “à casser l’alliance qu’à la recomposer”

L’inconnue du second tour

“Je regrette cette désunion, surtout en cette période de crise sanitaire et économique”, a réagi auprès de Keystone-ATS Denis Corboz, président du PSL. Il affirme déjà que son parti partira à quatre candidats avec le POP. “Trois Verts, deux socialistes et un POP est inimaginable pour nous”, dit-il.

Il admet aussi qu’il n’est “pas pour sept sièges à gauche (…) La droite existe à Lausanne et elle a droit à son siège”. M. Corboz laisse la porte ouverte pour le 2e tour. “Nous sommes pour le maintien de l’alliance de gauche (…) et je ne pense pas que cela va être la guerre” entre les deux partis. Tout reste donc ouvert pour le second tour, mais très incertain.

C’est cela dit du côté du POP qu’il y a a priori le plus à craindre. “On n’a rien à perdre. C’est aux électeurs de juger. Si on devait perdre un siège, on n’en fera pas une maladie”, commente pour Keystone-ATS Joaquim Manzoni, président du POP lausannois. Il reconnaît à la fois que “le PS a toujours tiré l’alliance vers l’avant” et que les Verts “jouent leur atout”.

Le PS va présenter trois candidats, les sortants Grégoire Junod (syndic) et Florence Germond (finances) ainsi qu’Emilie Moeschler qui compte succéder à son camarade Oscar Tossato, qui ne se représente pas. Le POP a décidé de reconduire son municipal en place David Payot (enfance et jeunesse). Quant au PLR, il présentera le sortant Pierre-Antoine Hildbrand (sécurité et économie) et la députée Florence Bettschart-Narbel.

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