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Les Yéménites à Genève pour amorcer un dialogue politique

Les rebelles Houthis contrôlent toujours la capitale Sanaa et le nord du Yémen (archives). KEYSTONE/EPA/YAHYA ARHAB sda-ats

(Keystone-ATS) Les Yéménites tentent dès jeudi de renouer à Genève un dialogue politique après quatre ans de guerre et plus de 10’000 victimes. L’amorce s’annonce difficile dans un contexte de violences et d’une catastrophe humanitaire pour plus de 20 millions d’habitants.

Après une cérémonie de lancement mercredi, les pourparlers pilotés par l’émissaire de l’ONU Martin Griffiths doivent démarrer jeudi entre les représentants du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi et ceux des rebelles chiites Houthis. Ces discussions, dont le format direct ou indirect n’est pas encore connu, seront les premières menées par l’ONU après celles qui avaient capoté en 2016.

Elles reviennent en Suisse après une incursion au Koweït sous le mandat du précédent émissaire. Parmi les participants, l’optimisme n’est pas de mise. Il y a quelques semaines, l’ambassadeur yéménite auprès de l’ONU à Genève s’était dit convaincu que les rebelles, qui auraient rencontré des représentants saoudiens il y a quelques mois, n’étaient pas prêts à des concessions.

Pour le gouvernement, toute initiative de paix devra se terminer par le rétablissement des “autorités légitimes” du pays. Les Houthis demandent eux “l’arrêt de l’agression” de la coalition saoudo-émiratie avant toute mesure. Plusieurs sources voient ces consultations à Genève comme la possibilité d’établir des “mesures de confiance” sur les détenus ou l’accès à l’aéroport de Sanaa avant un dialogue politique.

Arabie saoudite critiquée

Autre donnée à prendre en compte, les soutiens des deux parties, la coalition emmenée par l’Arabie saoudite face à l’Iran accusé d’alimenter en armes les rebelles, n’ont pas été invités. Alors même que la première vient de reconnaître des “erreurs” dans un raid qui a coûté la vie à 51 personnes en août, dont 40 enfants.

Ce bombardement avait provoqué une vague de réprobation internationale et des appels à l’ouverture d’investigations, notamment de la part du Conseil de sécurité de l’ONU et du secrétaire général Antonio Guterres.

Selon un récent rapport d’un groupe d’experts indépendants nommé par l’ONU, toutes les parties ont potentiellement perpétré des crimes de guerre. La coalition est responsable du plus grand nombre “de victimes civiles directes”, touchant des “zones résidentielles”, des “marchés” et “même des installations médicales”. Des conclusions dénoncées comme “inexactes” par l’Arabie saoudite et ses alliés.

L’approche des pourparlers n’a pas abouti à une trêve et des raids ont encore fait des dizaines de victimes ces derniers jours. Les violences ont également fait plus de trois millions de déplacés.

Centaines de tonnes d’assistance

Pour les civils, la situation est devenue intenable en raison du manque d’accès de l’aide humanitaire dans un pays où plus de 22 millions de personnes dépendent de cette assistance. L’ONU estime même que cette catastrophe humanitaire est la “pire” dans le monde.

Le port d’Hodeïda, qui reçoit 70% des biens importés, a été bloqué entièrement pendant plusieurs semaines l’an dernier. Il a ensuite été l’objet d’âpres combats ces derniers mois. Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées. Les Houthis ont refusé une éventuelle délégation de l’autorité du port à l’ONU.

Au total, plus d’un million de cas suspects de choléra avaient été observés en 2017 et les acteurs sur place étaient réticents à valider une campagne de vaccination.

Depuis, l’épidémie est retombée, mais le pays reste confronté à de nombreuses difficultés sanitaires. Aussi bien dans le sud contrôlé par le gouvernement de M. Hadi que la zone dans le nord, autour de la capitale Sanaa, actuellement sous l’autorité des rebelles.

En août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pu acheminer plus de 500 millions de tonnes de médicaments et de matériel médical à l’aéroport de Sanaa.

Les prix des denrées ont largement augmenté et des manifestations ont eu lieu contre cette hausse des prix. Celles-ci se sont étendues lundi dans le sud du pays.

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