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Macron prône avec Erdogan un partenariat entre UE et Turquie

Le président français Emmanuel Macron a proposé au président turc Recep Tayyip Erdogan un partenariat avec l'UE, à défaut d'une adhésion. KEYSTONE/AP AFP Pool/LUDOVIC MARIN sda-ats

(Keystone-ATS) Le président français Emmanuel Macron a souhaité vendredi, au côté de son homologue turque, que l’ancrage de la Turquie dans l’Europe soit assuré par un partenariat avec l’UE. L’espoir de faire avancer les négociations d’adhésion à court terme est selon lui nul.

“Il est clair que les évolutions récentes et les choix ne permettent aucune avancée du processus engagé”, a dit le président français lors d’une conférence de presse avec son homologue turc, en référence aux atteintes aux libertés. “Nous devons sortir d’une hypocrisie qui consisterait à penser qu’une progression naturelle vers l’ouverture de nouveaux chapitres est possible”, a-t-il ajouté.

Turquie “fatiguée” d’attendre

“Mais je pense que la coopération, le travail exigeant d’un dialogue qui doit être repensé, reformulé dans un contexte plus contemporain (…) doit être proposé dans les prochains mois”, a-t-il poursuivi, avant d’évoquer une “coopération” ou un “partenariat”. Le président turc a répliqué que son pays était “fatigué” d’attendre une éventuelle adhésion à l’Union européenne.

“Cela fait 54 ans que la Turquie attend dans l’antichambre de l’UE (…) on ne peut pas en permanence implorer une entrée dans l’UE”, a-t-il lancé. M. Erdogan a rappelé que 16 chapitres de négociations avaient été “ouverts et jamais clos”, sur 35 au total.

“Je pense que l’Union européenne n’a pas toujours bien fait avec la Turquie parce qu’elle a laissé croire que des choses étaient possibles alors qu’elles ne l’étaient pas totalement”, a renchéri M. Macron.

Respecter l’Etat de droit

Le président français a également souligné la nécessité pour les démocraties de respecter l’Etat de droit et de préserver l’ancrage de la Turquie dans la Convention démocratique des droits de l’homme. Il a précisé avoir évoqué la situation de plusieurs personnes emprisonnées en Turquie.

Le président turc a déclaré qu’il demanderait au ministère de la Justice des informations sur la liste de noms et d’organisations fournie par Emmanuel Macron. Plus de 50’000 personnes ont été emprisonnées en Turquie dans l’attente d’un procès, dans le cadre de la vague de répression qui a suivi le putsch manqué de 2016.

En amont de la visite de M. Erdogan, des syndicats et organisations de journalistes, dont Reporters sans frontières (RSF), avaient demandé à M. Macron de dénoncer la situation en Turquie où de nombreux journalistes sont emprisonnés, et plus largement, de faire preuve de fermeté sur la question des droits de l’Homme.

Dépasser Astana

Sur la Syrie, le président français a fait état d’une “communauté de vues et d’intérêts stratégiques” pour construire la paix avec une dimension “la plus inclusive possible”.

Il a dit sa volonté de travailler avec la Turquie pour aller au-delà du processus d’Astana-Sotchi, par lequel la Turquie organise, avec la Russie et l’Iran, des discussions visant à faire baisser la tension, parallèlement au processus mené par l’ONU à Genève.

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